Le printemps 2021. La scène culturelle retrouve son élan. La Galerie Le Bunker reprend son rythme de croisière. Une nouvelle exposition a été dévoilée le samedi 1er mai. En filigrane de l’exposition se lit une révérence au mouvement. Les peintures d’Arlette Mercier et les sculptures de Richard Rohart.
Aux cimaises des tableaux en acrylique. Des couleurs chaleureuses sur le mur à droite. Des nuages touffus dans des teintes automnales dansent. Ces toiles font face à des compositions aux touches quelque peu plus angulaires de couleurs hivernales. Les étapes d’une érosion y semblent décortiquées. Toutes sans titre, ces œuvres laissent libre cours à l’imagination du spectateur. « À même titre que la création, l’interprétation est un voyage perpétuel défait de limites. C’est la beauté de l’expression », observe Arlette Mercier, artiste-peintre. Depuis les années 1990, la Genevoise nichée dans le Valais s’approprie une poignée de genres et se perfectionne en une sélection de techniques. La liberté de perception qui définit sa démarche est contrebalancée par son œil pour le détail. Les bords des cadres de papier marouflé sur toile sont habillés d’une bande en tissu. Ses canevas abstraits effleurent voire même traversent les frontières des disciplines artistiques. Spontanément des panoramas émergent. « Le point de départ peut être une couleur, une thématique ou une phrase marquante. En me mettant à l’œuvre, je vois parfois naître un paysage. Si c’est le cas, je le laisse évoluer sans pour autant imposer ma vision à autrui », précise la peintre. Ici et là, le lien avec la nature se consolide par l’intégration de nuées de sable. « Ce sont des poignées de matière que je récolte lors de mes balades au bord du Rhône », sourit celle qui surfe sur les vagues de l’abstraction.
Un fleuve de billes jaillit de l’étalage et déboule gracieusement sur le sol de la galerie. L’installation signée Richard Rohart est une œuvre éphémère. Le sculpteur crée la composition in situ. Telle une performance, elle évolue au cours de l’exposition et disparaîtra après le finissage. Plus loin, « Lyre et découvrir III ». Le titre résume l’artiste, sa passion pour la musique, la lecture et son esprit curieux. Quant à la forme, il s’agit de deux morceaux de bois élancés. Une colonne composée de centaines de couches y est intercalée. Du hêtre, du plexi rouge carmin, du poirier, du sapin, du plexi bleu indigo. Soigneusement poncés, le caractère de chaque bois et la vivacité de chaque pigment en plexi jouent avec la lumière. « Ces tours naissent des chutes de bois et de plexi. Ce sont des puzzles de morceaux à disposition. La création se fait en direct. Le hasard se mêle à l’inspiration », raconte l’artiste installé à La Chaux-de-Fonds. Quant à d’autres pièces, elles affirment ses affinités avec le design. Un bol en bois avec des couches translucides en plexi intercalées floute les frontières entre art et artisanat. « En effet, de par l’aspect hétéroclite de la matière, le tournage de chaque pièce confronte la gouge à des duretés différentes », explique-t-il. C’est la particularité technique de la combinaison de deux matériaux. « C’est un chemin de vie, une passion pour la menuiserie puis un parcours en plasturgie qui m’a amené à mettre en dialogue ces deux textures », confie Richard Rohart.
Pour cette deuxième exposition depuis la réouverture, Jenny-Anne Maeder a pu combiner deux artistes des cantons limitrophes. La galeriste vous offre la possibilité de voyager et de découvrir des œuvres uniques près de chez vous. Une visite vaut le détour. « Merci à l’art de nous permettre de s’évader », conclut la galeriste.