Ce sont deux sœurs. Il est 20h.
C’est une MJC pleine (il y a même des gens debout dans le fond c’est pour dire !), qui regarde attentivement la scène. Elles ne voulaient pas au début. Elles se sont lancées par hasard. Il y a eu une chanson sur internet et le concours Francouvertes. Maintenant, elles sont disque d’or au Canada et ont fait pas mal de découvertes. Elles viennent de Gaspésie (petit coin de nature à l’Est du Québec) et chantent la vie avec un bel accent et une bonne dose d’humour surtout en ce qui concerne les mecs.
Le silence se fait, la lumière baisse, les gens, de tous âges, écoutent attentivement. Sur cette scène, justement, des guitares, une grosse caisse, des grelots, des tambours, tout simplement. Ce qui rend la musique vraiment belle, ce sont les regards de deux sœurs complices, deux voix vagabondes qui s’emmêlent, pour parler de liberté, de bonnets de laine, tout ça avec beaucoup de malice. Elles chantent, elles sifflent la vie de jeune femme, avec toutes ses histoires, ses désirs et ses rêves qui s’enflamment. L’amour, les hommes, la nature, l’aventure.
En sifflant de temps en temps tout en lançant au public :
« Allez les pinsons ! »
Et tout ça on comprend. Malgré l’accent. Quelle que soit la région. Et là, je laisse place aux paroles rapportées…
« Je pars au vent et son souffle me libère, je m’en fous de la poussière. »
« J’chuis pas une conne. »
« On jase d’amour et de liberté »
… pour mieux les comprendre à défaut de ne pas avoir pu venir les écouter (!)
Dans le public, pendant la pause, j’entends quelqu’un déclarer : « Elles sont chou, elles sont chouettes, je les aime bien. »
… et moi j’ajouterais : et elles donnent envie de prendre sa voiture (ou son bus VW) et de rouler, rouler, rouler vers une liberté qui sent la forêt.
« Et notre folie sera grande et notre mémoire sera longue. »
Deborah Zäch
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