L’hiver 2019-2020 sans neige a plongé les finances de la SCRMBJV dans le rouge. Un comité renforcé et remanié bosse d’arrache-pied pour remonter la pente, mais cela ne pourra se faire sans l’engagement financier des communes de Sainte-Croix et de Bullet.
« La société coopérative des remontées mécaniques (SCRMBJV) se trouve dans une situation financière compliquée, en manque de liquidités », écrit la Municipalité de Sainte-Croix dans un préavis qui sera traité en décembre par le Conseil communal. Le message demande notamment un montant de 168’960 francs en couverture de déficit. Le législatif de Bullet sera également sollicité. À défaut de ce soutien, les Municipalités des deux communes « ne cachent pas qu’une possibilité de fermeture des installations existe dès cet hiver ».
« Nous avons eu 18 jours d’ouverture lors de la saison 2019-2020, dont 5 ou 6 seulement en ouverture complète, soit un hiver « catastrophique », expose Henri Criblez, président sortant du comité de la coopérative, qui a remis sa démission au 15 octobre 2020, après 9 ans passés à la barre. L’absence de neige a pesé sur les recettes, qui se montent à 329’000 francs, dont 240’000 francs par les abonnements « T’es Royé ». Si les salaires et les charges sociales sont payées, les factures des travaux d’entretien nécessaires à l’exploitation ainsi que le remboursement du prêt LIM à fin 2019 ne sont pas réglés.
Limites du bénévolat
La SCRMBJV est une entreprise qui dégage, selon l’enneigement, un chiffre d’affaires compris entre 300’000 et 800’000 francs, et dont les charges fixes oscillent entre 400’000 et 650’000 francs, détaille Henri Criblez. « Sa gestion par une équipe de bénévoles a atteint ses limites », reconnaît le président sortant, lui-même atteint dans sa santé. Municipal ste-crix et membre du comité de la SCRMBJV, Yvan Pahud va dans le même sens : « le comité composé de bénévoles ne pouvait plus assumer de façon efficace la gestion des employés – distribution des tâches quotidiennes, etc. – l’entretien, la gestion, le contrôle du matériel et des installations ainsi que les tâches de sécurité ». Pierre Duvoisin, actif pendant quatre ans dans le comité et qui cèdera sa place à l’assemblée de décembre, confie avoir consacré énormément de temps aux installations des remontées mécaniques dont il était responsable. « En étant tous bénévoles, on ne pouvait pas non plus être parfaits dans tout ce qu’on faisait, il y avait quand même des lacunes », admet-il.
De son côté, Henri Criblez reconnaît une lassitude, et des soucis avec les équipes successives de damage. « Nous avons changé plusieurs fois de chef d’exploitation et technique. Alain Simon avait un caractère fort, mais il tenait la société de main de maître, personne ne lui est arrivé à la cheville par la suite. »
Administrateur nommé
Pour pérenniser la société et lui donner un maximum de chances de viabilité, le comité a pris diverses mesures. Un administrateur, Alain Pointet, a été engagé à un taux de 20% à l’année, dès le 5 octobre 2020. Depuis cette date, le comité se charge de la vision stratégique de la société et l’administrateur de l’opérationnel, précise Yvan Pahud. Le cahier des charges du nouvel engagé comprend la gestion du personnel et les démarches administratives, l’établissement du budget ainsi que la planification de l’entretien des installations et des machines de même que le concept de sécurité. Pierre Duvoisin salue cet « engagement bienvenu. Alain Pointet est quelqu’un de pointilleux, investi dans sa mission », souligne-t-il. L’intéressé est conscient de sa nouvelle charge, mais il pourra moduler son activité et travailler aussi depuis son domicile, dit-il. Depuis des années responsable de la sécurité sur le domaine skiable des Rasses, il a déjà l’expérience de mener une activité en parallèle dans les services de secours qu’il exerce dans le Nord vaudois et au Val-de-Travers.
Le comité « a cherché des pistes d’économie dans tous les secteurs », précise Yvan Pahud. Désormais, seul Christophe Burgy est employé à l’année. Dès l’ouverture de la saison, la coopérative fera appel à des auxiliaires sous la houlette de Jérôme Elmer, chef dameur, afin de réduire la charge salariale en cas de non-ouverture du domaine, informe Yvan Pahud.
Si l’ouverture des installations pour la saison d’hiver qui approche « nécessite un fort soutien des collectivités publiques, selon le préavis, il en sera de même pour pérenniser l’exploitation ces prochaines années ». Les Exécutifs des deux communes proposent d’accorder une nouvelle garantie de déficit pour les cinq prochains exercices, de l’ordre de 150’000 francs annuels. « Cela devrait permettre de maintenir l’exploitation jusqu’en 2025, date à laquelle une position sur le tourisme quatre saisons devrait être finalisée », précise le préavis municipal sainte-crix.
En outre, le projet de regroupement avec la coopérative de la piscine aura fait du chemin. Selon Yvan Pahud « les deux comités ont validé un rapprochement ».
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