Dans le cadre des Journées Européennes des Métiers d’Art, deux ateliers ont ouvert leurs portes au public du 31 mars au 2 avril : l’horloger-pendulier Dominique Mouret et le centre de formation en mécanique d’art Mec-Art. L’occasion pour les visiteurs de partir à la découverte de ces passionnés, réels gardiens du temps et d’un savoir-faire unique.
Dans les locaux de Dominique Mouret, situés à la rue des Rasses, on ne voit pas le temps passer, malgré les tic-tac des pendules qui remplissent chaque recoin de l’atelier et de sa collection, qui n’a rien à envier aux musées. Le pendulier, arrivé à Sainte-Croix en 1985, nous accueille au côté de son épouse Arianne et de Nicolas Uhl, leur collaborateur depuis six ans. « Ici on ne rénove pas, on restaure. Une pendule doit vivre et rythmer l’habitation, cet objet demande un soin et un entretien particulier pour rester vivant. La restauration doit rendre la pièce fonctionnelle, tout en respectant son âge et doit se voir le moins possible », précise Dominique Mouret. Des centaines d’heures sont nécessaires à la restauration d’une pendule ancienne. Si l’atelier sainte-crix se charge de la mécanique et de l’habillage, les travaux de gravure, dorure ou encore d’émaillage sont confiés à des spécialistes en fonction de l’époque. « Le temps fait des ravages, mais le pire prédateur est l’horloger », souligne Nicolas Uhl. En effet, il n’est pas rare que des pièces prestigieuses arrivent en piteux état pour avoir été rénovées sans les connaissances ou le savoir-faire approprié. Pour chaque pièce confiée, Arianne Mouret établit un dossier de restauration, ce qui demande des heures de recherche dans les archives en Suisse, comme à l’étranger. Au fil des ans, Dominique Mouret s’est aussi spécialisé dans la restauration des mouvements horlogers avec de petits automates. Chaque objet qui arrive entre les mains de ces passionnés, quelle que soit sa valeur, sera soigné et restauré avec les matières de son époque mais aussi de la même façon, ici on ne se facilite pas la tâche, on met en pratique un savoir-faire vieux de plusieurs siècles.
Mec-Art
C’est au rez-de-chaussée de l’usine Reuge que le centre de formation en mécanique d’art s’est installé, juste à temps pour recevoir les visiteurs. Constituée officiellement en 2022, mais active depuis 2017, l’association regroupe des artisans, des représentants issus des milieux de la formation et des passionnés de la mécanique d’art. N’ayant jusqu’à présent pas de locaux à proprement parler, c’est la première fois que Mec-Art participe aux Journées Européennes des Métiers d’Art. C’est également pour cette raison que la formation Secret de Maître se déroulait uniquement l’été au CPNV. Grâce à ces locaux, l’association pourra proposer des cours tout au long de l’année. À l’entrée du nouvel espace, un énorme mouvement datant du 18e siècle trône avec ses lourds poids en pierre. Entourant les neuf établis, les pièces, réalisées en collaboration avec l’ECAL, exposées à la manifestation Homo Faber de Venise en avril 2022, ainsi que les réalisations des formations Secret de Maître depuis 2018, sont mises à l’honneur. Après l’accueil de Pierre Fellay, responsable administratif et financier de l’association, l’automatier-horloger Nicolas Court nous explique la fonction du rouleau et du clavier d’un mouvement à musique, en passant par toutes les étapes de sa fabrication, jusqu’au goupillage et l’accordage. Fabrice Calderoli nous dévoile la fabrication de petits ressorts et de vis bleuies, comme cela se faisait à l’époque. Puis la dizaine de visiteurs est invitée à déambuler entre les établis afin d’échanger avec les artisans et tester les mécanismes des pièces mis à disposition. Nul doute que la sauvegarde de ce patrimoine sainte-crix est entre de bonnes mains.
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