Comme promis dans notre édition du vendredi 10 août, voici les discours prononcés lors de la fête nationale 2018.
Discours de Laurent Buchs, président du Conseil communal de Sainte-Croix

Date : 01.08.2018 – Lieu : Collège de la Gare, Sainte-Croix
Bonsoir,
Vous m’auriez dit il n'y a pas si longtemps que je serais là, aujourd’hui, pour prononcer le discours du 1er Août, j’aurais bien ri. Aujourd’hui, c’est vous qui devez bien rire de me voir là, j’en suis sûr.
Chères concitoyennes, chers concitoyens,
Je suis fier de m’adresser à vous en ce 1er Août, jour de fête nationale.
L’union fait la force. Voilà ce que les Waldstätten se sont dit en 1291 lorsqu’ils ont signé le pacte fondateur de notre pays.
Grâce à l’union dont vous, citoyennes, citoyens, avez fait preuve, nous célébrons aujourd’hui à Ste-Croix plusieurs anniversaires de grande importance.
On fête les 150 ans de la gym de La Sagne. Bravo à eux, à toutes ces générations qui ont montré que l’on pouvait s’unir autour du sport. Quel bel esprit !
On fête les 125 ans de la ligne ferroviaire qui relie Sainte-Croix à Yverdon. Un petit train peut-être, mais qui est un pont entre notre belle montagne et la ville.
On fête les 50 ans de la piscine des Replans. Une piscine dans un décor unique, qui a su garder son âme. Bravo à tous ceux qui ont œuvré à la pérennité de ce bel endroit, qui remplit une fonction sociale importante. Lieu de vie et de jeux pour les enfants, lieu de détente pour les adultes, lieu de retrouvailles et de rencontre pour ceux qui ne nagent pas forcément.
On fête les 20 ans de la coopérative du cinéma royal. On les félicite pour cette programmation à la fois pointue et populaire. Oui, je sais. Ça va en étonner certains. Mais je vais au cinéma. Même quand le film est en anglais. Je vous rassure, je ne le savais pas avant de m’y rendre. Je ne parle pas l’anglais. Et les sous-titres vont un peu vite pour moi. Trêve de plaisanteries.
Au passage, même si le Grand Hôtel n’est pas situé sur notre commune, je salue cet établissement qui a célébré cette année ses 120 ans.
Impossible de citer tous les événements dans cette longue liste. Pardon à ceux que je n'ai pas nommés.
Je remercie les instances communales pour les services rendus à la collectivité. Et n’oublions surtout pas tous les employés communaux qui œuvrent chaque jour pour le bien de notre commune.
L’année écoulée a aussi été riche en inaugurations. Les nouveaux bâtiments de l’école du cirque. L’école des métiers. Tous deux démontrent que Sainte-Croix est capable d’offrir des formations de qualité. Quel dynamisme !
N’oublions pas de citer la montée en 3e ligue de notre équipe de foot qui réunit plus de 200 joueurs de la région. Bravo ! Ça démontre qu’en étant plus grand, on est plus fort. N'oublions pas non plus les supporters.
Tous ces anniversaires sont la preuve, s’il en fallait une, de la richesse de notre région. Vous, citoyennes, citoyens, avez œuvré pour le bien de la communauté. Je salue par ailleurs toutes les sociétés locales pour l’organisation de diverses manifestations. Elles mettent de la vie dans notre région tout au long de l’année.
Je profite de l’occasion pour souligner l’importance de nos petits commerces et de nos petites entreprises, qui travaillent chaque jour pour vous offrir des services de qualité. Jouons le plus possible la carte locale pour faire perdurer notre économie régionale. Soyons solidaires. Gardons cet esprit montagnard. Et continuons à nous dire bonjour dans la rue même si on ne se connaît pas !
En ce jour de fête nationale, je suis heureux de voir que vous êtes nombreux à vous être déplacés pour fêter ensemble notre beau pays et notre démocratie. Nous sommes unis autour d’une même célébration. Nous pourrions être plus nombreux si tous les villages de la région conjuguaient leurs efforts pour mettre sur pied une seule et unique grande fête.
Oui, nous pourrions unir nos forces avec nos villages de la commune et Bullet. Et prendre exemple sur le Val-de-Travers, pays de mon enfance, qui chaque année, célèbre la Fête nationale dans un village différent. Elle n’en serait que plus belle. Oui! Je vous assure que le syndic de Bullet est ouvert à cette idée. Petite parenthèse personnelle: si on organisait la Fête le 31 juillet, on aurait congé le lendemain!
Pour conclure, merci à l’Adis et au Lokomotiv Unihockey pour l’organisation de ce 1er Août. Je vous souhaite une belle et longue soirée. Vive la Suisse! Vive notre canton! Vive notre commune! Place à la fête et santé!
Laurent Buchs
Discours de Jean-Franco Paillard, syndic de Bullet

Date : 01.08.2018 – Lieu : Grande salle, Bullet
Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs,
Chères concitoyennes, Chers concitoyens,
Habitants d'ici ou d'ailleurs,
Au nom des autorités communales de Bullet et de mes collègues de la Municipalité, j'ai le plaisir de vous adresser notre salut.
Je suis extrêmement heureux de partager avec vous ce grand moment de joie pour notre pays en célébrant notre Fête nationale et vous souhaite une excellente bienvenue à Bullet.
Récemment, j'ai pu m'entretenir durant une soirée avec le nouveau Président du Conseil communal de Ste-Croix, je veux parler de M. Laurent Buchs. On a ensemble évoqué nos préoccupations et en parlant de notre intervention lors du 1er août, il m'a proposé de revenir sur la question de célébrer cette fête nationale sur un seul site en procédant à un tournus. Cette proposition avait déjà fait l'objet d'un sondage auprès de la population du Balcon, c'était en 1999, après avoir commémoré ensemble le bicentenaire de la révolution vaudoise de 1998 à Ste-Croix. Cette proposition n'avait pas suscité d'enthousiasme bien au contraire. Mais il faut parfois remettre l'ouvrage sur le métier.
Ce soir, les drapeaux suisses ne flottent pas aussi nombreux qu’en juin à l’occasion de la coupe du Monde de Football. Durant près d’un mois, le monde s’est arrêté pour vivre ce grand rendez-vous. En ce qui nous concerne, l’équipe suisse a rempli sa mission n’étant éliminée qu’en huitième de finale par la Suède qui a réussi à bloquer le jeu, laissant peu d’espoir aux helvètes qui ont encaissé l’unique but du match à la 66ème minute. J’ai parlé d’helvètes et je pèse mes mots pour dire qu’il s’agit bien de notre équipe nationale et qu’il est inadmissible de remettre en question la bi nationalité des joueurs qui font que l’équipe suisse existe. Les propos du secrétaire général de l’association suisse de football ont semé le trouble et sont contraires à la convention européenne des droits de l’Homme. De plus cette intervention arrive comme par hasard, après l’élimination. Fallait-il passer en quart pour éviter cela.
Cela me permet non pas de me rassurer, mais de dire que cela existe partout en citant le cas de Mezut Özil en Allemagne. La Mannschaft comme l’on dit, championne du Monde 2014 n’a pas passé le 1er tour. Alors la presse s’en est prise à Özil, turque d’origine, né à Gelsenkirchen, un port fluvial situé dans le bassin de la Ruhr au Nord-Ouest de l'Allemagne. Özil est pourtant un exemple pour le foot allemand et pas seulement. On l’a montré en présence du président Turque, provoquant les grands titres des journaux. Suite à cet épisode on lui a reproché son attitude passive sur le terrain, son manque d'enthousiasme. On n’est pas prêt de le revoir jouer avec le maillot de l’équipe nationale.
Suite au très beau succès de l’équipe de France, force est de constater que les joueurs ne descendent pas tous des gaulois.
Mais qu’importe, la couleur de la peau n’a rien à voir avec l’appartenance et le fait de voir toute la nation française fêter le titre, ne doit laisser place à aucun doute. Cette victoire représente un plus non négligeable dans cette lutte contre un racisme encore trop présent.
Pour clore ce chapitre, dans le milieu politique, la question divise. Céline Amaudruz, conseillère nationale, avait demandé l’abandon de la nationalité française de Pierre Maudet s’il venait à être élu au Conseil fédéral.
Le partage d'une joie, d'un intérêt commun est en effet l'objet de notre Fête du 1er août car elle commémore un acte qui symbolise, pour toute la Suisse, l'union. C’est à travers des rites de ce type que l'on acquiert une culture. Lorsque l'on partage des situations sociales, on crée des liens avec les autres participants. Fêtes de Jeunesse, Carnaval sont des événements aussi importants en termes d'identité régionale et nationale. Tous ces gestes collectifs permettent d'être rattachés à d'autres cercles, plus larges. Ils servent de médiation entre l'individu et sa communauté.
La conformité sociale désigne en psychologie le fait d'adapter son comportement à ce qui est la norme au sein d'un groupe donné d'une association. Les raisons du besoin de conformité sociale sont diverses, allant du besoin d'intégration au désir d'avoir un certain équilibre.
L'intégration sociale de l'individu dans la collectivité crée des mécanismes et la solidarité devient plus grande car l'approche de la société se fait grâce aux individus qui œuvrent ensemble dans un but commun.
Mais depuis un certain temps, on constate les difficultés qu’ont les associations, les sociétés pour susciter l’intérêt auprès des personnes qui de plus en plus cherchent leur bien-être sans vouloir partager ou simplement participer à une quelconque vie associative ou en société. Il faut préciser que la population est beaucoup plus nomade. Pour preuve, l’enquête de 2015, relève que plus d’un million de personnes ont changé de logement en Suisse. Autrement dit, une personne sur huit a décidé de faire le pas, de changer d’horizon. Ces 12% de résidents suisses ont emménagé dans 490'000 appartements ou maisons, à la location ou à la vente.
Alors, pour que l’intégration prenne et que l’esprit villageois ne soit pas qu’un souvenir, il faudra parfois quelques décennies et souvent, la vie locale n'est pas un point d'attraction.
Par ailleurs, les Suisses se déplacent de plus en plus et de plus en plus loin pour se rendre à leur travail. Les enquêtes publiées ces dernières années par l’Office fédéral de la statistique (OFS) et des instituts de recherche comme l’Université de Saint-Gall le confirment. Le développement économique de la Suisse s’est accompagné d’une progression constante de la pendularité. Ainsi, après une journée de travail et les trajets, l’envie des citoyens de rejoindre une société villageoise se perd.
Au fil du temps, on constate que les sociétés doivent leur survie aux personnes du 3ème âge. Même si notre commune peut se vanter d’avoir encore une vie associative importante, les enjeux pour que les sociétés maintiennent leurs activités, ne demeurent pas moins un sujet important qui donne bien des préoccupations aux différents comités.
Il m’est facile de faire une comparaison sur le plan politique, pour dire que les enjeux sont aussi de taille et que l’intérêt pour la chose publique en dehors d’un contexte politique, je veux dire de partis, doit aussi perdurer pour le bien-être de nos communes et de nous tous.
Alors merci à toutes celles et ceux qui font que la vie locale et politique à Bullet existe.
Cette année comme chaque année d’ailleurs, je dois remercier et féliciter au nom de toute la commune, tous les acteurs de la mise en place de notre fête. A savoir la Société de Développement de Bullet, la fanfare la Montagnarde, les bénévoles, les pompiers et les employés communaux.
A 22h00 le feu d’artifice sera tiré par notre garde forestier, M. René Guex, sous la protection du service du feu. Comme on vous l’a dit, pas de feux privés c’est vraiment trop dangereux.
Je vous remercie pour votre attention et vous souhaite une agréable fête nationale.
Jean-Franco Paillard
Discours de Jean-Christophe Jaermann, pasteur dans la Paroisse du Balcon du Jura

Date : 01.08.2018 – Lieu : Grande salle, Bullet & Collège de la Gare, Sainte-Croix
Au nom de Dieu Tout-Puissant !...
J’aurais pu, c’est vrai, essayer autre chose, comme l’avait fait en son temps mon maître de stage Pierre-André Schütz, l’aumônier des paysans : « Tôé, Tôé, Tôé les Modzons ». Ça fonctionne et c’est moins inquiétant. Les gens se taisent et pensent que le pasteur est fou… Tandis que : Au nom de Dieu Tout-Puissant ! … On se dit « ça y est, le pasteur va encore profiter de la tribune pour nous faire un sermon ! »
Allons, pas d’inquiétude : ce n’est que le préambule de la Constitution fédérale de la Confédération suisse du 18 avril 1999, état au 1er janvier 2018.
Mais il faut avouer que c’est surprenant. Tout particulièrement dans une société sécularisée, soucieuse de laïcité.
Pourquoi ce préambule ? Quelle en est la portée symbolique ?
Au nom de Dieu Tout-Puissant !...
Pour éviter toute mécompréhension, permettez-moi d’insister sur un premier point : cette invocation ne signifie pas du tout que l’Etat est religieux.
La Suisse n’est pas une théocratie qui impose une confession de foi commune à tous ses citoyens. En Suisse, les trois pouvoirs que sont le politique, le juridique et le religieux sont strictement indépendants et excluent ainsi toute subordination entre eux. Et c’est heureux, car notre Etat peut alors être garant de la liberté effective de toute foi et de toute croyance religieuse, tout en se souvenant de son héritage judéo-chrétien.
Cependant, pourquoi alors avoir gardé cette introduction : Au nom de Dieu Tout-Puissant ! ...
… Parce que l’Etat n’est pas tout-puissant.
L’être humain n’est pas le maître absolu, celui qui va tout organiser, tout décider pour son bien et celui de ses semblables.
L’être humain n’est pas tout-puissant.
La référence ultime est hors de lui. Et cette invocation joue son rôle de signe que la toute-puissance ne nous appartient pas, même si elle est synonyme de tentation. Je m’explique !
Ce 1er août 2018, très concrètement, vient avec force nous le rappeler.
Car il est très particulier ce 1er août là. Les médias du monde entier s’en sont fait l’écho : ce 1er août 2018 est le « jour du dépassement » écologique.
A partir de ce matin, nous vivons à crédit ! Depuis ce matin, l’humanité consomme plus de ressources que la terre n’est capable d’en produire, ses activités émettent plus de gaz à effet de serre que ce que la biosphère est capable d’absorber en un an.
Lorsque j’avais 16 ans, en 1970, le jour du dépassement était le 29 décembre. Ce que l’humain consommait correspondait à ce que la terre pouvait offrir. 48 ans après, ce jour est… le 1er août ! A l’échelle de la terre, notre consommation nécessite de disposer de 1,7 planètes pour subvenir aux besoins des hommes.
Il y a un détail, à priori insignifiant, mais qui illustre cette situation. Cette année, plusieurs cantons interdisent les feux d’artifice. Le réchauffement dû à l’effet de serre a provoqué une sécheresse encore inédite chez nous.
Un peu dubitatif, je suis allé mesurer mon empreinte écologique en répondant à un questionnaire de l’organisation Global Footprint Network. J’en suis ressorti atterré (a-terré ! Qui n’a plus de terre !).
Si tout le monde vivait comme moi (et je me considérais plutôt comme quelqu’un de responsable), le jour du dépassement serait le 12 avril, ce qui signifie qu’en moins de 4 mois j’ai consommé tout ce qui m’est alloué pour l’année, que le reste est pris sur les autres, que 3,5 planètes ne seraient pas de trop pour subvenir aux besoins de ceux qui font comme moi… et que je suis pile dans la moyenne suisse.
Les défis qui s’annoncent sont considérables. Plus que jamais, nous avons besoin d’être unis pour les relever. Si ce n’est pour nous, au moins pour nos enfants.
Nous avons la chance de vivre dans un pays libre, où les droits et les libertés de chacun sont respectés au mieux. Nous avons le privilège aussi d’être dans un canton aux finances saines. Nos atouts sont immenses et nous devons être reconnaissants face à tout ce qui est fait pour les sauvegarder.
« Au nom de Dieu Tout-puissant », cette invocation n’est pas un luxe. Aujourd’hui, plus que jamais. Elle est une brèche que notre pays, notre société tient à laisser ouverte vers ce qui la dépasse et la limite. Hier peut-être bien qu’elle démarquait l’espace dévolu à une religion. Aujourd’hui, elle s’offre comme un rappel essentiel pour que le politique reste au service du bien public.
Alors, que ce Dieu Tout-puissant, dont les chrétiens discernent le visage en Jésus le Christ, donne à chacune et chacun d’accepter avec sérénité ce qui ne peut être changé, et qu’il accorde surtout courage et joie pour transformer ce qui doit l’être avec le discernement nécessaire pour distinguer l’un de l’autre.
Je crois que mon pays est capable de relever ces défis, parce que je sais que les habitants de ce coin du Jura qui m’est cher l’ont prouvé, souvent.
Et je suis fier d’être parmi vous !
Je vous souhaite une belle fête pour ce 1er août 2018.
Jean-Christophe Jaermann
0