Hausse des prix de la ferraille, du bois, de l’énergie. Retards de livraison. Pénuries. Les entreprises font face comme elles le peuvent à un cocktail de perturbations auquel s’ajoute beaucoup d’incertitude face à l’avenir.
« Je m’en sors bien, mais c’est plus compliqué », résume Eric Rustichelli, patron de l’entreprise de menuiserie-charpente qui porte son nom, à Sainte-Croix. Les délais usuels ont pu être tenus dans certains chantiers. Pour d’autres, les fournitures, en particulier certaines sections de bois, manquent et « nous ne savons pas quand nous serons livrés ». Et quand un délai est fixé, il est porté à 8, voire 12 semaines, à l’exemple des portes antifeu, relève le maître artisan.
« Après plus de 20 ans d’activité, je n’ai jamais connu une telle situation », confie Vincent Tyrode, satisfait d’arriver au terme des travaux de sa nouvelle fromagerie : « Les prix aujourd’hui ne sont pas négociables : sur certains produits et services il faut négocier les délais ! ». Un exemple : bloqués à l’adjudication, les prix fixés pour les panneaux isolants étaient valables sept jours. Les travaux non devisés ont par contre été facturés au prix du marché.
Les appareils électro-ménagers sont très difficiles à obtenir. « Je dois changer une plaque de cuisson en vitrocéram dans un EMS, je n’aurai pas la nouvelle avant fin juillet, j’ai dû reposer l’ancienne », déplore Eric Rustichelli.
Encore pire
Gérant de l’entreprise Bovet Electricité SA, Xavier Weyrich cite également des délais de 2 à 4 mois pour les appareils. Commandée en mars, une horloge pour un tableau électrique n’est pas confirmée. La fourniture de sept luminaires avec mâts pour le stade de foot est en stand-by. Des luminaires pour l’imprimerie du JSCE auront aussi du retard. Xavier Weyrich estime cependant être mieux loti que les artisans qui travaillent essentiellement le bois et la métallurgie. « Nous, nous avons encore du matériel en stock. »
De son côté, le serrurier François Béguin relève que la situation, déjà préoccupante avec la crise liée à la COVID, « est encore pire aujourd’hui ». La pénurie de composants électroniques touche tous les secteurs. « Commandés en juin 2021, deux écrans tactiles destinés aux cuves du vacherin ont été livrés et installés avant-hier », constate Vincent Tyrode. Les prix ont doublé entre-temps. Une pompe technique et des pièces électroniques manquent pour faire fonctionner les installations de froid.
Manque de main-d’œuvre
Du côté de Travys, Enrique Garcia, chef de projet, signale qu’il n’a pas été possible de poser les garde-corps prévus en 2021 sur les ouvrages d’art, par manque de disponibilité du matériel. Pour les chantiers à venir, comme les 400 mètres de réfection de voie dans le secteur de la Baumine, et les 1300 mètres entre Essert et Vuiteboeuf, la compagnie est informée d’une augmentation du prix des fers d’armature et du béton.
Vincent Tyrode met en outre en évidence le fait que les absences du personnel liées à la pandémie ont eu « un effet catastrophique sur certaines entreprises. Nombre d’entre elles, dans la restauration et le bâtiment, souffrent d’un manque cruel de main-d’œuvre qualifiée ».
Rejoint par d’autres, il exprime aussi le sentiment que dans certains domaines, la pandémie, et aujourd’hui la guerre en Ukraine, ont « bon dos » pour faire passer des augmentations non justifiées, ce qui accroît les délais et les prix.
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