Le vendredi 13 mars, le gouvernement vaudois a annoncé une série de mesures exceptionnelles pour ralentir et endiguer la propagation du Covid-19. Parmi celles-ci figure la fermeture de toutes les écoles du canton. Plus que de fermer les portes, il s’agit d’une reconversion temporaire à un nouveau mode d’enseignement : l’école à distance. Qu’est-ce que cela implique ? Les défis varient en fonction des âges des élèves. Un focus sur l’école obligatoire.
La troisième semaine d’école à distance s’achève. Les directives du département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC) ont été formulées. Tout un chacun commence à prendre ses marques. « La restructuration de l’organisation s’est faite en deux temps. Au début, il y a eu une phase lors de laquelle on composait sans trop d’encadrement général. Dès la deuxième semaine, le canton a clairement stipulé ce qui est attendu », souligne Fabian Zadory, directeur de l’établissement primaire et secondaire de Sainte-Croix et environs. Le but de l’école à distance est de maintenir le niveau de compétences des écoliers. Aucune nouvelle matière n’est introduite. Aucune évaluation n’est faite. L’implémentation d’une réponse à cette situation inédite exige de composer avec les spécificités d’un contexte.
Communication
D’abord, il y a l’élaboration ad hoc de canaux de communication. L’école à distance n’implique pas uniquement le numérique. Au début, le téléphone et la Poste ont pris les devants. Les appels téléphoniques permettent d’établir un contact personnel et direct. « On peut alors prendre la température individuellement, se faire une idée des besoins des parents et des enfants. Face à cette nouvelle situation c’était indispensable », témoigne Sandra Fernandez, enseignante. Les envois postaux assurent la distribution efficace et rapide des supports pédagogiques. « Nous avons le souci de ne pas imposer trop d’inconvénients aux familles. Limiter l’impression de documents a été un des objectifs », explique Fabian Zadory. Qui plus est, l’accès à un ordinateur et une connexion Internet ne sont pas évidents pour chaque enfant. « Quelques foyers n’ont pas d’ordinateur. D’autres ménages possèdent un PC. Cependant, l’engin est actuellement sollicité par les parents en télétravail », observe à juste titre Romain Schmid, enseignant. Pour assurer une communication quotidienne, le courriel est toutefois intégré. « Les élèves ont depuis quelques années un courriel scolaire. Au sein de notre établissement, nous avions déjà la possibilité de faire des e-mails groupés par classe. Ceci a simplifié la tâche des enseignants. » Progressivement, d’autres facettes de l’e-learning sont intégrées sur le plan cantonal ou à titre individuel. Les professeurs font recours à Team-up, une application de planification qui facilite le lien entre enseignants-parents-étudiants. Pour outil complémentaire, certains proposent des groupes WhatsApp. « À l’image des enseignants, nous avons fait des groupes de parents pour assurer la continuité d’un lien entre les enfants », explique Fanny Mastantuono, une maman.
Contenu
Les activités proposées entremêlent éducation et détente. Veiller à établir un équilibre entre le maintien de compétences et le lâcher prise pour le bien-être de tous est important. « Face à cette nouvelle situation, l’essentiel est de ne pas saturer étudiants, parents et enseignants », affirme Fabian Zadory. En fonction du rythme de vie que chaque famille s’est approprié, il faudra idéalement consacrer 1 à 3 heures aux exercices scolaires. « Le temps dépend de l’âge de l’écolier et de la situation personnelle. L’école à distance se veut une aide et non pas un facteur de stress. » Pour les maîtres, adapter les exercices à ces nouvelles circonstances donne du fil à retordre. « Inventivité et dialogue avec nos collègues pour répondre aux mieux à ce nouveau paradigme sont les deux socles de l’enseignement sous Covid-19 », indique Sandra Fernandez.
Service minimum de garde
L’école à distance implique la présence au domicile d’un adulte. Ceux qui exercent un métier dit de service à la population n’ont pas la possibilité de recourir au télétravail. Une garde pour ces bambins est mise sur pied. « Les parents ont joué le jeu. Ceux qui sont concernés se sont organisés de manière remarquable avec leurs collègues et employeurs. Nous avons au total une dizaine de petits concernés. Ils ne viennent pas chaque jour », informe Fabian Zadory. Vu le nombre réduit, l'accueil est fait à l’UAPE, Au Tablier Bleu. L’endroit est équipé pour accueillir des jeunes de 0 à 16 ans. La centralisation dans ces locaux fut donc l’option optimale. Au vu des circonstances exceptionnelles, des dispositifs sanitaires spécifiques ont été mis en place. Par souci de protection, un sas d’entrée a été créé. Les parents déposent leurs « bouts de chou » sans les accompagner dans les classes. Avant d’entrer dans les locaux, le lavage de mains et le rinçage de bouche sont de rigueur. « Nous avons privilégié ce mode opératoire. Ainsi, au sein de l'établissement, les enfants peuvent rester enfants. On ne leur impose pas de mesures de distanciation physique. Les collaboratrices qui travaillent toujours en binôme tâchent de respecter la distance entre eux », explique Evelyne Jelk, directrice de l’UAPE. Le nettoyage des lieux est accéléré. En sus de l’entretien journalier, une personne de l’intendance désinfecte durant la journée les poignées de portes et les surfaces intensément utilisées.
La garde d’enfants est une profession d’interaction humaine. Pour l’exercer au mieux dans ce contexte tendu où le stress augmente, il faut avoir certaines dispositions. « Face à cette situation, j’ai dialogué avec mon équipe et ai privilégié de composer en tenant compte des volontés de chacun. Ceux qui ne se sentent pas en mesure de travailler dans ces circonstances difficiles n’ont pas à se justifier. Ceux qui sont présents le font à leur rythme. Grâce à un team soudé de 25 personnes, nous avons pu répondre jusqu'à aujourd'hui sans problème à la demande », déclare Evelyne Jelk. Quant aux activités proposées, elles varient non seulement en fonction des âges mais aussi en fonction de la situation. Les enfants accueillis sont informés, sensibilisés et rassurés. « Nous avons trouvé des contes didactiques pour parler du Covid-19, du virus en général. Les bambins sont au courant. Et ils veillent eux-mêmes à ce que tous respectent les consignes. Ce n’est que le début mais nous tenons bon », conclut Evelyne Jelk.
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