Le projet Terra Salina de mise en valeur du patrimoine saunier lancé en 2014 renforce la visibilité du Nord vaudois en étant associé aux sites Unesco d’Arc-et-Senans et de Salins-les-Bains. Près de trois mille nuitées ont été enregistrées depuis le début.
La prestigieuse Saline royale d’Arc-et-Senans et le site de la Grande Saline de Salins-les-Bains, en Franche-Comté, sont emblématiques du patrimoine saunier. Dans le Nord vaudois, la voie à ornières entre Sainte-Croix et Vuiteboeuf, et celle moins connue au-dessus de Ballaigues, attestent du transport du sel vers Berne, qui a connu son apogée aux 17e et 18e siècles, explique Christian Schülé, l’historien vaudois mandaté pour le volet historique de Terra Salina. Yverdon était le point névralgique du déchargement des tonneaux en bois remplis d’or blanc, qui arrivaient sur des charrettes pour être embarqués sur des chalands vers Neuchâtel et Morat.
« Lancé en 2014, le projet Terra Salina est né de la volonté de développer une offre transfrontalière autour du patrimoine salin», précise de son côté Pierre Droz, directeur régional du tourisme à Yverdon-les-Bains. « Les premières retombées sont positives. Près de trois mille nuitées ont été comptabilisées sur l’ensemble des parcours, voie Francigena comprise», souligne Pierre Droz. Il reconnaît qu’il faudra patienter encore quelques années pour récolter tous les fruits du projet. Cinq ans au minimum sont nécessaires pour générer un impact durable, estime-t-il.
Topoguide
Aujourd’hui, des itinéraires pédestres ou cyclables sont recensés dans un topoguide qui jalonne les principales étapes. Greffées sur le projet, les Mines et Salines de Bex et les Salines suisses de Bâle ont considérablement étendu le périmètre de Terra Salina. Du coup, « la fréquentation est difficilement mesurable », constate Christian Schülé. « Le parcours se déguste plutôt par bribes, comme un menu », estime-t-il. Responsable de l’Office du tourisme de Sainte-Croix, Luca Grand-Guillaume-Perrenoud va dans le même sens. « Nous avons surtout des demandes pour l’itinéraire de la voie à ornières », mis en valeur par un pavillon didactique et des totems.
Inspiration des marcheurs, le site terrasalina.eu décline les parcours qui empruntent la via Salina, la via Francigena ou l’Echappée jurassienne. Plusieurs prestataires français et suisses ont lancé des randonnées organisées. Dont Goût & Région à Couvet qui propose un « itinéraire bis » de trois jours sur l’axe Pontarlier-Neuchâtel. Accompagnateur incollable sur les passages redoutés comme la chaîne dans le goulet près de St-Sulpice, Grégoire Monnier cite encore la réouverture du Musée du sel à Buttes, qui propose des maquettes de salines du monde entier. Côté français, Jean-Marc Jobard, directeur-gérant de
Juragence à Lons-le-Saunier explique une demande modeste par le fait que les marcheurs préfèrent généralement préparer leur itinéraire et planifier les étapes eux-mêmes. « Mais nous continuerons à proposer nos prestations, comme une vitrine. Tous les vecteurs de mise en avant de notre patrimoine sont importants ».
« L’attrait pour le sel est intemporel », affirme Christian Schülé. Il en veut pour preuve l’intérêt rencontré par des voyages de presse qui mettent en avant le patrimoine culturel, mais aussi gastronomique de la région. Qu’il s’agisse de fromages, de charcuteries artisanales, de vins ou encore de flûtes au sel.
Visite guidée sur les traces du sel
Financé à coups de centaines de milliers de francs jusqu’au 30 septembre 2018, notamment grâce aux fonds de collaboration territoriale européenne Interreg, Terra Salina devra « rouler » cette année avec un budget affecté à du matériel promotionnel et des actions de communication via les offices du tourisme et partenaires touristiques, précise Pierre Droz. Parmi celles-ci, une visite guidée par l’historien Christian Schülé se déroulera ce samedi 19 janvier (de 14h à 15h30, au départ de l’Office du tourisme d’Yverdon, av. de la Gare 2). Elle retracera l’histoire du commerce du sel entre la Franche-Comté et la Suisse. La balade se poursuivra au Centre d’art contemporain (CACY), où un triptyque des Salines suisses de Bâle, réalisé par la photographe Renate Buser, rappelle le rôle stratégique et commercial joué par Yverdon-les-Bains. D’autre part, Christian Schulé donnera le 7 février une conférence sur l’histoire du commerce du sel au Musée d’Orbe. D’autres projets sont à l’étude.
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