Ingénieur agronome responsable de la remise en état des sites du parc éolien à la fin du chantier, Michaël Berset fait le point sur les travaux de l’année écoulée. Romande Énergie ne communique pas de chiffres de production pour le moment.
« Nous avons réussi à tenir les délais fixés pour la remise en état des sites de la Gittaz et du Mont-des-Cerfs », souligne Michaël Berset, ingénieur agronome responsable de cette mission au sein de Romande Énergie. Un challenge au vu de la météo de 2024 et des multiples contingences techniques, mais également humaines. « Même si nous n’étions pas toujours du même avis, un dialogue constructif avec toutes les parties prenantes a permis de mettre en place les mesures validées par le canton et le comité de suivi environnemental, en allant au-delà des exigences initiales du dossier », résume en substance le chef de projet.
Production biaisée
Après une phase test en automne 2023, le parc a bouclé ses premiers douze mois de production électrique. Une question est sur toutes les lèvres : « Est-ce que les 22 Gigawattheure (GWh) annoncés ont été atteints ? ». « Romande Énergie estime « prématuré » d’y répondre: « 2024 a été une année relativement bonne au niveau du vent. Cependant, la production des premiers mois a été partiellement biaisée par des arrêts dus au givre qui nécessitaient des redémarrages manuels et un travail sur l’optimisation de l’exploitation des machines au 1er trimestre », reconnaît Michaël Berset. Depuis, et afin d’éviter de déplacer un collaborateur depuis Morges pour remettre les éoliennes en activité – ce qui prolongeait leur immobilisation - Ludovic Besse, exploitant du gîte rural du Mont-des-Cerfs a été formé à cette mission dans son secteur, les éoliennes de la Gittaz-Dessus redémarrant automatiquement. De son côté, Michèle Cassani, porte-parole de Romande Énergie, précise en substance que 2024 était une « année de rodage, et qu’il faudra plusieurs années pour pouvoir confirmer de manière pérenne une production de 22 GWh par an ».
« Frustrant »
Le chef de projet a rencontré plusieurs habitants de Sainte-Croix qui lui ont fait part de leurs doléances au sujet du bruit parfois assourdissant des machines à l’endroit de leur lieu de vie, sous certaines conditions de vent (Sud Sud-Ouest). Si elle doit respecter les exigences de l’Ordonnance fédérale pour la protection contre le bruit, Romande Énergie est toujours dans l’attente d’un protocole cantonal ou intercantonal qui permettra d’effectuer des mesures : « C’est frustrant pour toutes les parties, regrette Michaël Berset, qui ajoute : nous avons besoin d’une base scientifique sur laquelle nous pourrons nous appuyer pour mesurer le bruit et prendre d’éventuelles mesures si les valeurs n’étaient pas totalement respectées ». Contacté, le porte-parole de la DGE-Arc, Marco Danesi, répond que la première version du « protocole de mesures de bruit des éoliennes au point d’immission » concernant Sainte-Croix sera disponible ce printemps. Dès lors, assure Michaël Berset, « nous procéderons aux mesures d’immission dans les plus brefs délais. Complexes, elles devront être planifiées précisément et menées sur les lieux connus comme particulièrement pertinents, afin de pouvoir répondre aux exigences légales et aux Sainte-Crix ».
43 millions de francs
Au printemps 2021, le budget du parc éolien annoncé par Romande Énergie était de l’ordre de 39 millions de francs. À la signature du contrat avec Enercon, le fabricant allemand des machines, Florence Schmidt, ingénieure en cheffe, faisait état d’une augmentation de 10 %, due notamment à la hausse du coût des matières premières. À l’issue des travaux, Michaël Berset communique un montant global investi de 43 millions, radar compris.
Ce radar, installé à l’automne sur un bunker près de la Gittaz-Dessus, a déjà fourni de précieuses indications sur la hauteur et la densité du flux migratoire des oiseaux dans le périmètre. Le défi actuel « étant de le faire communiquer de manière correcte avec les systèmes intégrés des éoliennes », précise Michaël Berset, afin d’exploiter les données recueillies pour commander l’arrêt automatique de l’une ou l’autre des machines en cas d’afflux important d’oiseaux à une altitude conflictuelle avec les pales. « Un peu comme pour le bruit, un taux de trafic migratoire minimal n’a pas encore été défini par les organes compétents », déplore le responsable du parc. Le biologiste Lionel Maumary a procédé au suivi ornithologique au sein du parc dès la mise en route des éoliennes et jusqu’à fin novembre, afin d’avoir une année complète de suivi des oiseaux et des chiroptères sur les deux sites.
Michaël Berset a informé récemment ses interlocuteurs qu’il avait été appelé à d’autres fonctions au sein de Romande Énergie. Andy Kaufmann, ingénieur civil, suivra les derniers travaux de remise en état à la Gittaz. Maxime Ramstein est désormais l’interlocuteur du Canton pour le parc éolien de Sainte-Croix et il reprend la place de Michaël Berset au sein du comité de suivi environnemental. Il est également chef de projet du parc éolien de Provence (VD), qui compte 17 machines.
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