Le chantier de la nouvelle usine Reuge avait fait beaucoup parler de lui, surtout lorsqu’il était en panne. Aujourd’hui les travaux sont terminés, le déménagement aussi et depuis le 1er juillet l’usine est fonctionnelle. Il nous a donc paru intéressant de découvrir ce nouvel écrin. Visite guidée avec Lucie Mauron, assistante de direction.
La manufacture de boîtes à musique et d’oiseaux-chanteurs Reuge SA est pareille à une grande maison d’horlogerie : on y transforme du métal en un objet magnifique, presque magique, souvent très coûteux, c’est la merveille du savoir-faire humain et de la technique qui ajoutent une énorme plus-value à la matière brute. La manufacture produit la quasi-totalité des pièces et effectue toutes les opérations de transformation, de sorte que l’on visite des ateliers fort différents, depuis l’étampage jusqu’au montage et au contrôle final.
Intégration réussie
L’approche de la nouvelle usine révèle un bâtiment qui, s’il a la même forme que le premier construit au Platon, offre une belle intégration au paysage grâce au revêtement en bois ajouré qui a été posé. L’accès est aisé grâce notamment à une boucle de retournement et les livraisons et expéditions sont facilitées par le plain-pied.
Les cloisons intérieures sont toutes en nuances de gris, du clair à l’anthracite. Mais ce qui frappe d’emblée, c’est la luminosité qui règne dans tous les ateliers, grâce à de grandes baies vitrées et des fenêtres aussi larges que possible, qui ouvrent sur un environnement à 360 degrés et même sur le lac de Neuchâtel.
Un des principaux avantages de la nouvelle usine réside dans la parfaite rationalité de l’implantation des machines qui améliore les flux de production en supprimant les longs transports de pièces, les sols irréguliers et les nombreux seuils. Le personnel a été largement associé à ce processus et son travail s’en trouve facilité.
Place à la rationalité
Notre visite permet de découvrir tous les ateliers, de l’étampage au rez jusqu’au contrôle final à l’étage. A la mécanique où l’on dispose d’une grande variété de machines, depuis l’ancienne rectifieuse Hispano-Suiza jusqu’aux plus récentes, on produit des prototypes, des petites séries, on fabrique de l’outillage et assure la maintenance des machines. L’atelier CNC (machines à commande numérique) réunit deux machines à trois axes, ainsi qu’une nouvelle machine à cinq axes qui permet d’usiner une pièce sur toutes ses faces (sauf celles à laquelle elle est fixée) simultanément. Cette merveille de technologie ajoute une meilleure qualité et une manipulation facilitée pour les pièces volumiques.
Suivent les ateliers d’étampage, une partie lavage dotée d’une nouvelle machine qui offre de meilleures performances en matière d’écologie et de sécurité. Puis, toujours dans un ordre logique, le polissage, le sablage, le vernissage et, près du quai, un local d’expédition voisin de celui – ultrasécurisé – des stocks de produits finis. A noter que tout le bâtiment est sécurisé et que le personnel ne peut franchir les portes qu’avec un badge électronique. Des vestiaires, toilettes et une douche complètent l’agencement du rez.
La magie de la musique
Le premier étage accueillera un « VIP lounge », en cours d’aménagement, qui offrira un espace convivial aux clients. Pour l’essentiel, il est réservé à la production de la boîte à musique proprement dite et des oiseaux-chanteurs. Un grand atelier réunit la fabrication des claviers et des cylindres qui exigent des savoir-faire analogues. C’est le monde, aujourd’hui entièrement mécanisé, du piquage, du goupillage, du rectifiage, c’est là que l’on polit, brosse et gomme les rouleaux, que l’on fend et polit les claviers, qu’on les accorde et les contrôle. Seul changement par rapport à l’ancienne usine, on confie la trempe des claviers à l’extérieur.
Un immense local fait d’étagères et de compactus accueille le stock des innombrables composants qui exige une organisation infaillible, sous peine de pertes de temps et d’énergie. Enfin les derniers locaux sont destinés au fixage des mouvements à l’assemblage et à l’emboîtage.
Le deuxième étage réunit le showroom en voie d’aménagement, les bureaux administratifs et un réfectoire digne de ce nom pour le personnel.
Bilan positif
La réalisation de ce nouvel écrin a coûté à la Société immobilière Reuge 6,7 millions de francs. Un léger dépassement des devis (moins de 10 pour cent) a été constaté à cause notamment de modifications de la loi sur l’énergie et d’améliorations souhaitées en cours de route.
Le directeur Kurt Kupper porte une appréciation très positive : « Reuge est fier de pouvoir rayonner depuis le quartier du Progrès et continuera à véhiculer la meilleure image de Sainte-Croix à travers le monde. La nouvelle construction est efficiente, raisonnée et nous permettra de poursuivre la tradition de la boîte à musique à Sainte-Croix ».
Au sujet des perspectives à court terme, il se montre aussi prudent qu’optimiste : « La situation mondiale est bien sûr tendue, néanmoins Reuge a déjà fait preuve dans le passé de sa capacité à naviguer en eaux troubles ».