C’est la rentrée, pour ne pas oublier qu’il nous est toujours permis et possible de rêver, la galerie Le Bunker nous propose depuis ce dernier samedi d’août de nous emmener sur les chemins de l’enfance et des contes avec Béatrice Zumwald et ceux enchantés qui nous guident vers les logis oniriques d’Olivia Uffer.
Béatrice Zumwald et Olivia Uffer se sont rencontrées pour la première fois lors du vernissage de la mise en lumière de leurs travaux par Jenny-Ann, galeriste du Bunker. Cette dernière se charge non seulement de choisir des artistes pouvant se répondre subtilement dans une exposition commune mais également de l’ordonnancement des créations, créant des alliances parfois étonnantes. Pour cet évènement l’effet en est saisissant tant, au premier regard, l’homogénéité de l’ensemble est grande ; on arrive à s’interroger si tel travail artistique émane de Béatrice Zumwald ou bien d’Olivia Uffer, entraînant parfois même un certain malaise pour le regardant, quelque peu désorienté. Afin d’éliminer toute ambiguïté, chaque élément présenté est judicieusement muni d’une étiquette nominative. Cette méthode présente aussi l’avantage d’attirer discrètement l’attention des visiteurs.
Un réel dialogue entre les deux créatrices est en place, la cohérence de l’ensemble est subtile, « ludique, pétillante et joyeuse » comme le précise la galeriste. Le Bunker est pour quelques semaines au cœur d’un jardin extraordinaire.
Née à Neuchâtel, Béatrice Zumwald a, pour son travail de fin d’étude à l’École Normale, réalisé un livre pour enfants. C’était en 1973. Depuis 1987, tel un fil d’Ariane bigarré, elle expose, écrit, dessine, peint, publie, pratique l’expression corporelle et danse, enseigne, anime des ateliers artistiques pour enfants et adultes… Elle souhaite ainsi inciter « l’autre » à « se lancer dans le sens de la créativité » et ne propose ainsi pas de « produit fini à consommer ».
Béatrice Zumwald évoque son cheminement artistique pour « se rapprocher de la lumière » depuis sa première exposition vécue plutôt dans une certaine noirceur et précise que ses quatre enfants et huit petits enfants l’ont aidée à y parvenir. Elle a d’ailleurs ces jolis mots « Comme pour un petit escargot, il faut du temps » ; eh bien ce temps lui a permis de conserver la fraîcheur et l’énergie de l’enfance. Pour le Bunker elle a choisi de présenter des techniques mixtes, principalement des « tableaux dont les éléments sortent du cadre ». Son atelier est à Neuchâtel.
Béatrice Zumwald contera une histoire aux enfants à la bibliothèque de Sainte-Croix ce samedi 7 septembre dès 14h30 et y présentera son dernier ouvrage « Alfred est amoureux ».
Olivia Uffer est claire et précise : « Son truc, c’est la maison. Un thème prédominant, quasi obsessionnel que l’on découvre au fil de ses créations ». Olivia Uffer, en short et pieds nus est dynamique en diable, elle évoque son « hyperactivité », développée autour de la céramique (elle est diplômée des Arts Décoratifs de Genève), de l’art textile, de la calligraphie, du dessin et de la peinture. Elle raffole des techniques mixtes où elle met tout son savoir-faire, avec manière et intelligence, en harmonie et sans heurt. Avec l’omniprésence des maisons, tarabiscotées, entremêlées comme des champignons ou des personnages, elle aurait plu à Lewis Caroll. La maison, c’est le foyer, la famille et l’amour ; pour Olivia Uffer « La maison a ce que j’ai de plus précieux ». C’est le cœur même de l’amour profond ». Pour l’architecte Hundertwasser « L’homme a trois peaux. Il naît avec la première, la deuxième est son vêtement et la troisième est la façade de sa maison », il aurait également écrit « les maisons aussi pleurent et saignent… ». Caroll et Hundertwasser… Comment ne pas songer à eux en s’attardant sur le travail d’Olivia Uffer ? Comment ne pas s’interroger à la puissance du rêve et de l’imaginaire, à la métamorphose du quotidien pour le bonheur ?
Une exposition à voir jusqu’au 28 septembre 2024, avec différents évènements associés à découvrir en consultant le site de la galerie :
www.galerielebuker.com
0