Dans une ambiance de ruche, les ouvriers s’affairent dans les trois corps de bâtiment qui forment le futur centre Ming Shan, à Bullet. Visite des lieux avec le Dr Fabrice Jordan, initiateur du projet qui vise à promouvoir les arts taoïstes en Suisse.
Des échafaudages, des ballots d’isolation empilés, des établis de chantier et des bruits de perceuses. À moins de trois mois de l’ouverture du centre taoïste Ming Shan, à la sortie de Bullet en direction de Mauborget, les ouvriers d’une demi-douzaine d’entreprises sont à pied d’œuvre pour terminer le chantier dans les temps. Le bâtiment en trois parties forme un U autour d’une cour, ainsi que l’a voulu son concepteur : un lieu serein, en lien avec la nature, et ouvert au monde, pour des pratiques spirituelles, corporelles, culturelles et récréatives.
Au centre, adossé aux contreforts du Chasseron où s’élevait jadis un sanctuaire gallo-romain, le temple taoïste domine légèrement l’ensemble avec une hauteur de sept mètres. Par de très petites ouvertures, la lumière tombera sur les trois statues San Qing, le panthéon du taoïsme. Le cadre restera d’une grande simplicité avec « des murs peints en blanc, un sol en carrelage et des résilles en bois suspendues », précise Raphaël Laroque, architecte qui a dirigé la construction. À l’extérieur, des vagues en bois clair ornent déjà sa façade principale.
L’aile nord-est accueillera principalement deux salles de pratique, par exemple de Tai Ji Quan ou de Qi Gong, deux branches traditionnelles du taoïsme. Au rez, l’espace de 218 m2 sous un plafond très haut, pourra abriter des démonstrations et des événements culturels, tandis que la salle sise à l’étage, de 82 m2, servira également de bibliothèque.
La crème des maîtres
Les bâtiments sont reliés les uns aux autres par les angles et de larges coursives extérieures, soutenues par des piliers en bois. L’aile sud-ouest abrite l’entrée principale, le restaurant de 60 places et la cuisine, ainsi que l’espace médical en arrière-plan. L’étage est entièrement dédié au logement, soit des chambres à deux ou trois lits, et un dortoir d’une capacité de 8 personnes. Les chambres ouvrent sur les coursives, de part et d’autre du bâtiment. À noter qu’une palissade ajourée, en bois, ceinturera l’ensemble.
Par la qualité de ses intervenants – la crème des maîtres taoïstes chinois – recherchés pendant huit ans par le Dr Fabrice Jordan, 48 ans, au cours de nombreux voyages dans l’Empire du Milieu, Ming Shan sera un pôle de référence unique en son genre en Europe. Il proposera aussi un éventail de formations et séminaires aux adeptes comme aux profanes, souligne en substance le Dr Jordan, lui-même pratiquant le taoïsme depuis une trentaine d’années. « J’ai été attiré par la spiritualité très corporelle du taoïsme », explique le Dr Jordan. « Beaucoup d’enseignements passent par le corps, et j’aime beaucoup bouger. Le taoïsme fait travailler le cerveau droit. Moi qui avais hésité à devenir pianiste de jazz, je peux relier la médecine avec les dimensions artistiques du taoïsme, comme la musique et la calligraphie. Une autre de ses caractéristiques qui résonne en moi est le lien constant qu’il fait entre homme et nature, dans le cadre d’une pensée écologique au sens large ».
Le centre Ming Shan reprend les activités de l’association « Transverse », créée en 2007 par Fabrice Jordan, et qui avait pour vocation de faire dialoguer les spiritualités entre l’Occident et l’Orient, la tradition et la modernité. « Le sommet de la montagne est le même pour tout le monde, mais il y a différents chemins pour y parvenir, qui ont chacun leur valeur intrinsèque», expose le Dr Jordan.
En intégrant les dimensions spirituelles, corporelles et de prévention, le centre va mettre sur pied des modules « santé », destinés à traiter des problématiques contemporaines : burn-out, dépression, stress, ménopause, cancer, vieillesse, hyperactivité.
Calligraphie
Dès fin septembre, le centre ouvrira ses portes et ses journées seront rythmées par la pratique du mouvement le matin, et la méditation le soir. Il sera possible à tout un chacun de participer à ces moments. Des cours de calligraphie, des visites pour écoles avec démonstration d’arts martiaux, des camps de vacances et des événements culturels seront également proposés.
Le centre Ming Shan recrute en ce moment ses collaborateurs et collaboratrices, douze équivalents plein-temps au total. La moitié de ces personnes sont de la région. En dehors des périodes de séminaires et de formation, la structure pourra aussi être louée, tout ou partie, « comme Crêt-Bérard par exemple », illustre le directeur.
Une fois terminé, l’ensemble aura coûté près de cinq millions de francs, financés en grande partie par des fonds privés et des prêts. Le projet a obtenu le soutien des milieux économiques et touristiques. Le Canton et la Confédération ont mis chacun 950’000 francs dans sa réalisation.
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Enseignante et pratiquante de yang shen Taïji à côté d’Avignon, j’espère bien pouvoir venir pratiquer au centre !