La fréquentation estivale est proche du niveau de 2021, où les Suisses étaient restés dans le pays, mais la durée des séjours est raccourcie. Globalement, les acteurs sont satisfaits, voire enthousiastes. La plupart demandent plus de bus et certains des lits à prix doux.
« Mon objectif était d’atteindre les chiffres de 2021, qui étaient excellents, mais contre toute attente, j’ai fait 16 % de plus, alors que l’été est normalement plus faible que l’hiver », analyse à chaud Giuliano Tognetti, du Cageot. Installé le dimanche au Col des Etroits, il constate que 30 à 40 % de sa clientèle vient d’autres cantons.
Belle fréquentation également au Mont de Baulmes, où Fabienne Estoppey, la patronne, confie être « sur les genoux ! Nous avons eu pratiquement dix semaines de beau, les gens ont mangé midi et soir sur la terrasse », illustre-t-elle. Sa cinquième saison de beignets au fromage est aussi la dernière, elle ne rempile pas à la fin de son bail, à fin octobre. « J’aime cuisiner, et j’ai à nouveau envie de créer mes propres produits », explique-t-elle. L’an prochain, Julien Audergon et Mickaël Magnin seront aux fourneaux du restaurant, précise Cédric Roten, syndic, la commune étant propriétaire du restaurant du Mont de Baulmes.
Tous les jours dimanche
La satisfaction est générale parmi les acteurs qui travaillent avec une clientèle essentiellement touristique. « Pour la partie restauration, nous effectuons une de nos meilleures années », relève Patrice Bez, directeur du Grand Hôtel des Rasses. Même constat très positif à la Grandsonnaz-Dessus : « C’était tous les jours dimanche ! », lâche Sylvie Oberson. Carton plein également pour Ludovic Besse, qui a repris l’établissement du Mont-des-Cerfs début juin. « Nous avons super bien travaillé », se réjouit le jeune patron. « Nous avons des clients de toute la région, mais également un peu de passage de randonneurs sur le chemin des Crêtes du Jura ».
Un peu moins d’optimisme en revanche de la part de Cristina Gonçalves, des Petites-Roches, qui signale une fréquentation de sa pizzeria un peu inférieure à celle de 2021.
Deux nuits
Les hébergements ont bien marché eux aussi. « Nous avons enregistré une baisse de 5 % de nuitées par rapport à 2021, qui comme 2020 resteront des années exceptionnelles », expose Patrice Bez. Le directeur met en avant une augmentation des nuitées de 14 % par rapport à 2019 et de 38 % versus 2015.
L’hôtelier partage cependant le constat de Nadia Mettraux, directrice de l’ADNV, qui fait état d’une durée réduite des séjours par rapport à 2021. Au Grand Hôtel, la durée moyenne a été de deux nuits, comme en 2019.
La parahôtellerie a bien travaillé également. Patricia Morgenthaler, qui loue à la semaine un chalet à Mauborget, témoigne qu’il a été occupé tout l’été, et souvent par des clients qui reviennent chaque année. De son côté Gilles Cruchaud, qui gère les réservations de l’appartement propriété de ses parents, est satisfait, « même si la fréquentation n’a pas été exceptionnelle, au vu de la belle météo de l’été ». À L’Auberson, l’appartement mis en location par la famille de Patricia Leuba a « été un peu moins loué que pendant le COVID, où les demandes de la part des Suisses étaient nombreuses ». 2022 a vu en revanche le retour de clients étrangers.
Le concert d’échos positifs n’élude pas quelques fausses notes : Gilles Cruchaud, de Bullet, déplore l’empilement des charges, soit « 20 % pour la plateforme de location, 10 % de taxe communale – le même taux qu’à Mauborget, contre 7 % à Sainte-Croix - les frais d’électricité, d’entretien et de nettoyage et les impôts qui mangent la moitié des revenus ».
Des bus svp
S’il dit avoir bien travaillé tout l’été, Alain Meuwly, chef du restaurant de la Gittaz, déplore de son côté le manque de dortoirs ou d’hébergements simples pour les randonneurs et les familles : « nous pourrions avoir plus de passage sur les crêtes du Jura ».
Un souci n’épargne aucun restaurateur : le manque de personnel. « Nous avons dû fermer la Boîte à musique », relève Patrice Bez. Fabienne Estoppey et Sylvie Oberson ont pris sur elles de cumuler les tâches. Alain Meuwly dit avoir dû renoncer parfois à servir le soir.
Les activités sont difficilement chiffrables. Les balades restent majoritaires, sur les beaux parcours de la région, randonnées classiques, archéologique ou sentier des Bornes, relève Patrice Bez. L’essor du VTT et du vélo électrique est constaté partout. « J’espère que notre région saura s’adapter rapidement », remarque le directeur du Grand Hôtel. L’engouement pour la marche et le vélo s’est fait sentir sur toute la région, constate également Nadia Mettraux. Les piscines et les plages ont fait le plein. La Pedze Card lancée par l’ADNV – qui accorde une remise de 50 % sur le prix d’entrée de divers sites touristiques - y a contribué. « Nous aurions souhaité la participation de la piscine de Sainte-Croix, mais notre demande est restée sans réponse », note Nadia Mettraux.
Côté culture, le Musée Baud « a vu revenir des groupes et a enregistré une bonne fréquentation », informe Maria Caramia, ajoutant qu’il restera ouvert jusqu’à fin 2023.
Patrice Bez énumère divers points noirs de la mobilité, « qui compliquent les déplacements des clients » : l’arrêt du train touristique pendant l’été (et son remplacement par un bus), des horaires de bus qui ne sont pas adaptés au tourisme et insuffisants, ainsi que la disparition du taxi sur le Balcon du Jura.
De son côté, un Tessinois de passage qui souhaitait manger un plat local en ville a fait le tour des cartes de restaurant : le seul qui proposait des croûtes au fromage n’avait ce jour-là pas de… fromage ! » Il lui a été impossible également de se régaler d’une tarte maison dans le même périmètre.
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