Face à l’impossibilité d’accueillir des clients, des restaurateurs du Balcon du Jura développent la vente à l’emporter. Et ils espèrent que cela sera plus concluant qu’au printemps. La SIC les soutient en faisant connaître leur démarche.
Des salles de restaurants vides, aux éclairages éteints. Pourtant, des effluves de cuisine s’échappent de certains établissements, à midi et en début de soirée. Après le coup de massue de l’obligation de fermeture, ils tentent maintenant de développer la vente à l’emporter, autorisée par le Canton dans le respect des mesures sanitaires préconisées. C’est le cas notamment du Buffet de la Gare, où Ratchanok Jaccard affiche un choix d’une dizaine de plats du jour, cuisine thaïe ou traditionnelle, sur réservation.
Aux Planets, Sylvie Hermann est également aux fourneaux : « Nous proposons toute notre carte à l’emporter, tartare d’Angus, filets de perche, croûtes aux champignons… Il y a déjà de la demande », constate-t-elle. Ceux qui pratiquaient habituellement la vente à l’emporter, comme le Wok, à la Charmille, avaient déjà le savoir-faire et le matériel à disposition pour poursuivre cette activité et ils le font.
Mitigée au printemps
Le café-restaurant du Centre a rapidement organisé la production à l’emporter, malgré une expérience mitigée au printemps : « les gens avaient peur, ils allaient faire leurs courses et rentraient à la maison », constatait Zijada Delilovic. Son espoir cette fois-ci repose sur la clientèle scolaire.
À la pizzeria des Petites Roches, Cristina Gonçalves va se lancer deux soirs par semaine, vendredi et samedi. Elle a avisé tous ses contacts, et se montre positive : « en principe, cela va le faire ».
Sur son site Internet, le restaurant Ming Shan, à Bullet propose également divers plats à l’emporter ou livrés sur le Balcon du Jura. En outre, le Café Central de Bullet, la boulangerie-pâtisserie traiteur Vuissoz, le Crêpes Monsieur, le Thaï Siri take away et le Istanbul City Kebab à Sainte-Croix s’inscrivent également sur le créneau.
Surcoûts
Les établissements qui pratiquent la vente à l’emporter espèrent que les clients jouent le jeu. La marchandise est vite périssable, et il faut la jeter. Ils admettent aussi que la démarche est peu rentable, mais ils font ce qu’ils peuvent. D’autres choisissent de renoncer à cette possibilité. « Avant la deuxième vague, la situation était déjà difficile », observe Eliane Divorne, qui a pris la décision de garder portes closes au Café 12 et à la Tanière du 12. « Le risque de surcoût induit devient plus important que le rendement », estime-t-elle. Au Paral’Aile Café, à Mauborget, Alexandre Gosteli exprime en termes plus fleuris que le jeu n’en vaut pas la chandelle, au vu de sa situation géographique.
Alain Gervais Meuwly, du restaurant de La Gittaz, qui sert habituellement de nombreux couverts, souligne de son côté qu’il n’est pas envisageable de remettre en route le four et les frigos pour d’hypothétiques assiettes du jour. Il satisfait en revanche à l’emporter quelques demandes de clients friands de menus de chasse et de plateaux de fruits de mer.
À noter que le Café-restaurant des Cluds, tenu par Olivier et Christine Chablaix, est actuellement en vacances, tandis que l’Hôtel de France et son restaurant ont fermé.
Des pistes
Mardi dernier, la Société Industrielle et Commerciale (SIC) de Sainte-Croix et environs a sondé les cafetiers restaurateurs de la région, afin de faire émerger des pistes pour leur venir en aide. La SIC a choisi de donner une visibilité supplémentaire à la vente à l’emporter par la publication de l’offre dans le JSCE (voir ci-contre).
Président de la SIC, Vincent Tyrode incite également vivement les cafetiers restaurateurs à s’inscrire dès qu’il sera disponible au deuxième volet du programme WelQome, qui alloue une plus-value de 10 % au vendeur.
Dans la foulée du Conseil fédéral, le Conseil d’État a décidé de mesures d’aides aux secteurs durement touchés, tels que la restauration et l’activité culturelle. Actualisé au 9 novembre 2020, le document de l’État de Vaud intitulé « Covid-19 FAQ-Economie » renseigne sur les mesures en cours et les aides possibles : chômage partiel, indemnité perte de gain, aide pour les cas de rigueur ou aide cantonale pour les baux commerciaux. Mais ce n’est pas une potion magique, et nombre d’établissements fragilisés par cette crise nourrissent les plus vives inquiétudes pour leur avenir.
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