Depuis quelques mois, Benoit Augsburger, le neveu du célèbre automatier François Junod, a rejoint l’atelier de son oncle à la rue des Rasses. Titulaire d’un CFC de polymécanicien, le jeune homme apprend l’art de la fabrication d’automates, un métier aussi rare que remarquable. Une histoire de famille, mais surtout et avant tout de compétences.
La mécanique de précision, c’est un peu dans l’ADN des Junod. De l’arrière-arrière-grand-père, jusqu’à nos jours, cinq générations de Junod ont fait carrière dans les différents domaines de la mécanique. Formés « sur le tas » dans les usines de la région pour les premiers, puis sur les bancs de l’École de petite mécanique, devenue plus tard le Centre Professionnel du Nord Vaudois, pour les autres. Rien d’étonnant dès lors que Benoit ait choisi de suivre cette filière après sa scolarité obligatoire. « J’ai fait un stage de deux jours chez mon oncle quand j’étais encore à l’école et ça m’a bien plu », raconte le jeune homme. La décision de suivre un apprentissage en polymécanique au CPNV de Sainte-Croix s’est rapidement imposée. « J’avais eu des bons échos de mes copains au sujet de cette formation et en plus ça me permettait de rester dans la région », ajoute-t-il.
Durant leur cursus, les étudiants doivent effectuer une année de stage en entreprise et c’est à cette occasion que Benoit a pu vraiment découvrir le métier de facteur d’automates auprès de son oncle. « C’est un peu par hasard qu’il est venu chez moi, explique François. Ses parents m’ont demandé des conseils sur les différents lieux de stage et de fil en aiguille, l’idée de le prendre ici à l’atelier a fait son chemin. » Ces quelques mois ont permis au Maître de se rendre compte que son élève aimait ce qu’il faisait et qu’il avait les capacités nécessaires pour ce travail aussi complexe que minutieux. « Vers la fin du stage, on a discuté et j’ai proposé à Benoit de rejoindre notre équipe quand il aurait terminé sa formation », résume l’automatier sainte-crix, qui ne cache pas son plaisir de voir son neveu s’intéresser à la mécanique d’art.
Un premier automate
De son côté, Benoit semble avoir trouvé sa voie. Sous l’œil attentif de ses collègues et de son oncle, il réalise actuellement son premier automate appelé « Colibri ». Il lui faudra encore plusieurs mois de travail et de patience avant que la pièce soit terminée. « Ce que j’aime dans ce métier ? Tout ! C’est un métier ancien mais que l’on pratique avec des outils modernes. La programmation par ordinateur, l’usinage, l’assemblage, c’est vraiment varié, je ne m’en lasse pas. Je dois encore me former à la conception par ordinateur, afin de pouvoir exécuter des pièces du début à la fin. Pour l’instant on va dire que l’automate sur lequel je travaille, je l’ai réalisé de C à Z et l’objectif c’est de pouvoir faire les prochains de A à Z », commente le jeune homme.
« Automatier c’est effectivement un vieux métier, mais il arrive à se réinventer, ajoute François Junod. On ne travaille plus comme il y a deux cents ans ». Désormais la technologie moderne est au service de la mécanique d’art. Les ordinateurs et les CNC côtoient les étaux, les roues à came et les engrenages, rendant la profession attractive et permettant à ce savoir-faire ancestral de se transmettre à la jeune génération.
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