Des arbres ont été déracinés un peu partout dans les forêts communales sous l’effet de la tempête du 26 février. La prudence reste de mise pour les promeneurs, en particulier aux abords des chantiers forestiers.
Ici un épicéa de belle taille, là des feuillus de moindre envergure. Point commun, ils ont été renversés, cassés ou déracinés par la bise qui a soufflé avec vigueur le 26 février. Un épisode tempétueux dû à une grande différence de pression entre le nord et le sud de l’Europe, ont expliqué les météorologues.
Plus que le volume – environ 3 % d’une exploitation annuelle - c’est l’éparpillement des chablis qui est déploré par Benoit Margot, garde-forestier de la commune de Sainte-Croix. Lors de cette tempête, la bise a couché des arbres isolément, ou alors par petits groupes de trois ou quatre. Selon les météorologues, un tel événement ne survient que tous les 20 à 30 ans. Les effets auraient été plus dévastateurs avec un épisode de vent d’ouest ou de foehn, qui soufflent en rafales parfois violentes.
Racines différentes
Le grand épicéa tombé sur un chemin dans la forêt de la Haute-Joux présente des branches vigoureuses. « Mais il était peut-être pourri au pied », estime Benoit Margot. La qualité de l’ancrage dépend des propriétés du système racinaire. Les épicéas ont un système racinaire traçant, qui suit le sol sur le calcaire. Tandis que les sapins blancs et les hêtres présentent des racines obliques et que le chêne est profondément implanté sur un pivot central avec des racines latérales.
Une partie restera au sol
Les bûcherons de la commune devront intervenir un peu partout dans les 1600 hectares de forêts communales. Les routes ont déjà été dégagées, les chemins obstrués suivront. « Tous les arbres ne seront pas déblayés. Une partie restera en forêt », avise Benoit Margot. Un plus pour la biodiversité. Les arbres morts jouent un rôle dans le rajeunissement des forêts de montagne. Les « recrus » prennent volontiers racine dans les fûts en décomposition, explique le garde-forestier.
En revanche, les épicéas seront enlevés et leur bois valorisé en scierie ou via la centrale de chauffage à distance. Il s’agit d’éviter une prolifération des bostryches qui pourraient coloniser les résineux à terre puis essaimer vers des épicéas sains et encore sur pied. C’est d’autant plus vrai que suite aux sécheresses estivales successives, les arbres sont plus vulnérables aux risques biotiques et parviennent moins bien à se défendre contre les scolytes.
130 m3 à Bullet
De son côté, Martial de Montmollin, inspecteur forestier de l’arrondissement forestier 7, donne des indications sur le nombre d’arbres déracinés par la tempête de fin février dans son secteur. Il indique 200 m3 de chablis pour Sainte-Croix et 130 à Bullet. Les dégâts sont plus importants à une altitude inférieure. 500 m3 ont été renversés dans les forêts de Provence, et environ 300 dans celles de Baulmes. Au bord du lac, à Grandson, ce sont de vieux peupliers qui ont payé un lourd tribut à la bise, en s’abattant en partie sur les jardins familiaux. « Cependant, on est bien loin des ravages de Lothar, en 1999 », confie l’inspecteur forestier régional.
Dans la région, le camping VD8, à Cheseaux-Noréaz a été particulièrement touché, relevait 24 Heures la semaine dernière. Une vingtaine de pins plus que centenaires ont été déracinés, certains endommageant dans leur chute les sanitaires du camping.
Prudence pour les promeneurs
« Quand les vents soufflent, on ne s’aventure pas en forêt », avisent tant Benoit Margot que Martial de Montmollin. Le risque est bien réel d’être touché par un arbre ou une branche qui chute et il persiste au-delà des épisodes de fort vent. Des arbres déracinés mais retenus par d’autres, ou des branches prises dans les couronnes peuvent tomber par la suite. « Les forêts en elles-mêmes ne sont pas sécurisées », rappelle l’inspecteur forestier régional. Les promeneurs qui s’y rendent pendant les intempéries le font à leurs risques et périls.
Autre cas de figure, les chantiers forestiers. « On ne se rend pas compte du nombre de personnes qui ne respectent pas les interdictions de passage », déplore Martial de Montmollin. Les bûcherons qui travaillent sur les engins de débardage ne parviennent pas à voir une personne qui se trouverait juste derrière les machines.
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