Les essais de pompage menés sur un mois à l’automne dernier dans le sous-sol des Champs de la Joux ont révélé un beau potentiel de ressource hydrique. La commune sollicitera une concession cette année encore.
Réalisé après trois mois de canicule et un été exceptionnellement sec, le deuxième pompage hydrogéologique dans le sous-sol des Champs de la Joux a révélé « un débit exploitable moyen de 400 à 500 litres minutes », précise Grégoire Wyss, chef des services techniques de la commune de Sainte-Croix. C’est dans la couche dite du Dogger aquifère supérieur, à 137 mètres de profondeur, que l’impressionnante foreuse installée sur une plateforme est allée chercher le précieux liquide.
« Il y a toujours une part d’inconnu », reconnaît Grégoire Wyss. Les pompages de l’automne dernier ont donné des résultats à peine inférieurs à ceux de la première série, effectués en automne 2019.
En quantité suffisante pour être exploitée à un coût acceptable, l’eau du sous-sol des champs de la Joux remplit également les critères de qualité requis pour sa consommation, assure Grégoire Wyss. Elle est dépourvue de micropolluants – ou dans des quantités infimes en dessous des normes admises - et elle peut être traitée bactériologiquement par rayonnement ultraviolet. En outre, les champs n’étant pas cultivés, aucune présence de chlorothalonil (produit phytosanitaire) n’a été détectée.
Dégager l’argile des failles calcaire
Forte de ces résultats positifs, la commune va pouvoir passer aux étapes suivantes.
Ce printemps, dès que la neige aura fondu, une entreprise spécialisée viendra injecter de l’acide chlorhydrique dans le puits pour dégager l’argile des failles. « Nous sommes très dépendants des failles rencontrées dans le massif, elles donnent accès à l’eau et à la capacité de soutirage », ajoute en substance le chef des services techniques.
L’injection, suivie du pompage de récupération de l’acide, sera répétée deux fois. Cette manière de procéder est courante dans ce type de puits karstique, indique le chef des services techniques, qui précise que tous les travaux sont supervisés par l’hydrogéologue Laurent Denervaud de Impact-Concept au Mont-sur-Lausanne. La manœuvre permettra d’améliorer la venue d’eau dans le puits de pompage, et, partant, d’augmenter la disponibilité de la ressource de 20 à 30 %. Dès la fin de l’acidification, un nouvel essai de pompage aura lieu sur une semaine pour le vérifier.
En parallèle, les périmètres de protection seront définis autour du point de pompage. Suivra la demande de concession, qui devrait être soumise cette année encore au Canton. Grégoire Wyss souligne au passage que les services cantonaux ont avalisé toutes les opérations de prospection. En outre, un projet d’ouvrage va être lancé pour les infrastructures du puits et de la station pompage (pompe immergée).
Différentes mesures avaient déjà eu lieu en automne 2022, notamment par l’ajout d’un colorant, la fluorescéine, à l’endroit où le Dogger affleure dans la vallée, aux Dénériaz (où se trouvent déjà des captages communaux). Cela a permis de mesurer le temps nécessaire à l’eau pour arriver jusqu’au puits de forage, mais aussi de déterminer les périmètres de zones de protection.
Plan directeur
L’analyse du potentiel des eaux souterraines des Champs de la Joux terminée, les services techniques vont remettre les travaux du plan directeur de distribution de l’eau sur le métier. Ils sont actuellement en pause dans l’attente des résultats des forages exploratoires. En regard des nouvelles données, il sera possible de déterminer ce qui sera conservé et restauré des forages existants (voir encadré). La commune ne se passera pas des ressources des puits d’Onnens, auxquelles elle recourt notamment en période de fortes pluies. En revanche, elle aura davantage d’eau à disposition en période d’étiage, qui pourra être valorisée sur le réseau de l’ACRG de manière gravitaire.
Développement futur
Le choix des Champs de la Joux pour les forages exploratoires présente deux avantages : le site étant au-dessus du village, les zones de protection auront peu d’impact sur le bâti. D’autre part, la conduite du réseau de distribution d’eau sur laquelle le forage sera raccordé passe à proximité.
Les deux tranches de forages exploratoires coûtent environ 300’000 francs chacune à la commune. Des préavis ont déjà été soumis à l’organe délibérant. À terme, d’autres développements du site pourraient être envisagés, de l’eau chaude ayant été découverte à une plus grande profondeur lors du premier forage.
Un nouveau réservoir de 100 m3 à La Gittaz
Interrompus par la saison froide, les travaux d’assainissement du réseau d’eau des Gittaz vont reprendre au printemps. Pour rappel, la trentaine d’habitants à l’année, la demi-douzaine d’exploitations agricoles et les résidents secondaires ne disposent pas de ressources en eau suffisantes avec les deux captages existants. En été et en période sèche, ils sont dépendants de livraisons régulières de la commune par camion-citerne. Et les habitations ne sont pas raccordées aux eaux usées.
Lors de la première étape, trois kilomètres de conduites en fonte de 125 mm de diamètre ont été enterrés depuis la station de pompage de l’hôpital jusqu’à la Gittaz-Dessus. Un tronçon secondaire doit encore être réalisé jusqu’au nouveau réservoir, qui sera construit légèrement en amont de l’existant. L’élévation permettra de gagner un demi-bar de pression, souligne Grégoire Wyss. Initialement envisagée à 50 mètres cubes (32 aujourd’hui), la capacité du nouveau réservoir en béton armé a été portée à 100 mètres cubes, en deux cuves, afin de pouvoir répondre aux contraintes de l’Établissement d’assurances contre l’incendie et les éléments naturels (ECA) sans perte de fiabilité du réseau.
Raccordement en 2024
Selon le planning des travaux, le réservoir sera érigé cette année. Une investigation de tous les biens-fonds est agendée au printemps, afin de définir les raccordements des habitations et des fermes, tant au réseau d’eau potable qu’à celui de récupération des eaux usées, ainsi qu’à l’alimentation électrique souterraine de Romande Énergie et Swisscom. Ce sera peut-être l’opportunité de remplacer des conduites d’eau potable vétustes. Les travaux de raccordements aux propriétés privées, à leurs frais, sont prévus en 2024.
L’entreprise JPF-Francioli, qui a réalisé le tronçon de fouilles au départ de l’hôpital, achèvera les travaux de la conduite. La construction du réservoir et de la station de pompage vont être mis en soumission prochainement, précise Grégoire Wyss. Nouvelle collaboratrice du service technique en tant que cheffe de projet, Claire Chabloz assurera la direction locale des travaux.
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