Installée à Sainte-Croix depuis 2020, Jane Bosshard Quillerat ouvre les portes de son atelier de bijoux et objets botaniques samedi. L’opportunité de découvrir son travail, dont des bagues « succulentes » en argent.
« La nature est une source intarissable d’émerveillement, de curiosité et de réflexion philosophique ». Jane Bosshard Quillerat est tout entière dans cette citation. Artiste dès l’enfance, par le dessin, le modelage et la confection de bijoux avec des objets de récupération, elle a aussi une connexion particulière avec la nature. Installée au Crêt-Martin, aux premières loges pour des levers de soleil « sublimes », à deux pas de forêts qu’elle parcourt comme autant « d’écrins d’inspiration », elle est particulièrement fascinée par les feuilles. « Mon but est de mettre en valeur ce que l’on croit insignifiant ou banal mais qui est très précieux », exprime-t-elle.
Pour reproduire ces « merveilles de diversité et d’ingéniosité », l’artiste utilise la technique de la cire perdue. Elle prépare des moules dans lesquels elle fera fondre le métal au moyen d’une fondeuse centrifugeuse. Elle utilise le plus souvent le bronze d’art doré, un alliage très ancien. « J’évite l’or au maximum. L’or éthique n’existe pas, et les modes d’extraction sont extrêmement polluants ». Pour la collection de bagues inspirées des succulentes qu’elle présentera samedi lors des portes ouvertes de son atelier, Jane Bosshard Quillerat a choisi l’argent 925.
Reconnaissance
Pour travailler, la bijoutière s’entoure de clarté - la porte est grande ouverte sur le jardin et le petit pré voisin - mais aussi d’ordre : au-dessus des meubles multitiroirs et commodes d’apothicaire où elle range ses trésors, ses bijoux de murs sont autant de témoins de sa créativité. Elle réalise entièrement ses pièces dans son atelier. Avec une exception pour quelques plantes sauvages, qu’elle ne veut pas cueillir. Elle prend alors une empreinte en silicone directement sur la feuille, qui reste attachée à la plante et reprend sa vie végétale une fois débarrassée de sa gangue de silicone. Elle travaille ensuite les détails en plusieurs étapes pour obtenir la texture et l’apparence souhaitées. Trois à cinq heures sont nécessaires pour reproduire une feuille des plus simples « mais je suis tellement absorbée par ce que je fais que j’en oublie le temps », sourit-elle.
Outre le côté « chlorophylle » du Balcon du Jura, où elle semble avoir pris racine, Jane Bosshard Quillerat apprécie la qualité des contacts avec les artisans et artistes régionaux. L’un d’eux a, par exemple, pu réaliser une matrice en bois qu’elle a utilisée pour marteler les éléments de petites coupelles en bronze, en forme de feuilles de lupin. Elles avaient été commandées par le chef du restaurant Anne-Sophie Pic, du restaurant du Beau-Rivage Palace à Lausanne, afin d’y présenter les entremets en concours pour le Bocuse d’Or, en Italie.
Cette demande inattendue sonne comme une reconnaissance du travail de Jane Bosshard Quillerat qui, après une formation en arts appliqués à Vevey et en restauration d’art, a donné pendant dix ans des cours de création en atelier et dans divers cadres institutionnels. En parallèle, elle a mené ses propres travaux, exploré les matériaux, expérimenté les techniques pour les intégrer dans ses créations. Au fil du temps, elle se passionne toujours davantage pour la nature, où se « trouve la magie des choses », est-elle persuadée.
L’an dernier, Jane a exposé ses bijoux à Champ-Pittet. Bracelets, broches et bijoux muraux, tous nés de ses mains et estampillés du poinçon de la créatrice. Grande lectrice des écrits du biologiste et botaniste Jean-Marie Pelt, féru de pharmacopée ancienne, elle partage les convictions de l’auteur sur les liens qui relient l’homme à la nature et les précieux pouvoirs cette dernière. « Sans les arbres, il n’y aurait pas d’humain », évoque-t-elle.
Actuellement, la bijoutière se passionne pour un livre qui traite de la géométrie dans la nature. De quoi nourrir un foisonnement d’idées qui ne demandent qu’à éclore.
Par exemple une exposition de ses travaux au Bunker, à Sainte-Croix, qui aura lieu du 24 juin au 22 juillet. Et dans son esprit se dessine déjà la préparation d’un herbier en bronze du patrimoine végétal qui pourrait déboucher sur un livre et une exposition.
Les Bijoux de Jane, portes ouvertes de l’atelier de création à la rue du CrêtMartin 27, samedi 29 avril de 13h30 à 16 heures.
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