L’Association Mec-Art et la Haute École d’art et de design de Lausanne (ECAL) présenteront à Venise en avril prochain cinq installations interactives basées sur le savoir-faire mécanique de Sainte-Croix. Une des quinze expositions de la manifestation Homo Faber leur est dédiée.
« C’est une vraie opportunité de faire rayonner la région et nos compétences, de démontrer ce patrimoine reconnu par l’Unesco et rattaché à la ville de Sainte-Croix », se réjouit en substance Boris Masur, constructeur en mécanique d’art et responsable de l’enseignement du cours en mécanique d’art. Sous le titre de Mécanique prodigieuse (Meccaniche Prodigiose), cinq pièces représentatives du savoir-faire mécanique de Sainte-Croix seront au cœur d’une des quinze expositions de Homo Faber 2022, sur une île au sud de la ville de Venise. La deuxième édition de cette manifestation dédiée aux métiers d’arts contemporains se déroulera du 10 avril au 1er mai 2022 dans la Cité des Doges. Elle est le fruit d’une initiative culturelle du directeur exécutif de la Fondation Michelangelo pour la créativité et l’artisanat, Alberto Cavalli, qui a choisi pour cette édition le thème des savoir-faire et trésors vivants d’Europe et du Japon.
Cinq objets
Le déclencheur de la présence des artisans sainte-crix à l’exposition de Venise a été le stage d’une classe de Masters en design, luxe et savoir-faire de l’ECAL, dirigée par Nicolas Le Moigne, à Sainte-Croix en 2020. Au programme, des visites d’ateliers d’artisans, des présentations et des expériences pratiques. Suite à ce séjour, un concours a été organisé dans la classe pour conceptualiser des objets destinés à être exposés, œuvres qui devaient être représentatives des savoir-faire en mécanique d’art.
Pour Homo Faber, la sélection a porté sur cinq objets, réalisés sur des plateformes cylindriques de 50 à 60 cm de diamètre. Chacun illustre une des disciplines de la mécanique d’art. Boris Masur les présente : une boîte à musique est révélatrice des automates et des oiseaux chanteurs ; une représentation du temps se décline avec un plateau qui porte une carte de la région de Sainte-Croix réalisée en marqueterie. Le plateau tourne sur lui-même et une loupe met en évidence la localisation des sites cruciaux pour la mécanique d’art. Le quatrième objet illustre le souffle, avec des ombrelles animées, tandis que le projet intitulé « Danse » évoque les petites danseuses des automates de gare. La semaine dernière, les objets étaient au stade des finitions dans les divers ateliers de Sainte-Croix où quinze artisans de différents corps de métier y travaillaient à corps perdu pour terminer les pièces dans les temps.
Bénéfique
Une délégation se rendra à Venise pour l’exposition : pour Sainte-Croix, elle sera composée de Robert Martin, président du comité de pilotage du Musée unique et impliqué dans Mec-Art, Victoire Halter, Renaud Lelièvre et Boris Masur. Du côté de l’ECAL, Nicolas Le Moigne, qui chapeaute l’opération et Charlotte Therre, une ancienne élève de l’ECAL qui gère le projet sous l’angle du design et de la scénographie.
Le projet a une nouvelle fois mobilisé les ressources du Balcon. Élèves et enseignants du CPNV ont réalisé plusieurs composants et pièces et des artisans ont prêté main-forte. Pour Denis Flageollet, membre pionnier de la formation Mec-Art avec Nicolas Court et François Junod, l’invitation de participer à Homo Faber est l’aboutissement d’une démarche entamée il y a sept ans déjà. « Toute une équipe a travaillé d’arrache-pied pour arriver à fédérer les énergies, et cela aussi, c’est intéressant. »
La démonstration du savoir-faire des ateliers de mécanique d’art sainte-crix dans une manifestation de très haut niveau comme Homo Faber « ne peut être que bénéfique », souligne Denis Flageollet. « Toutes les planètes sont alignées en ce moment pour la mécanique d’art », salue l’horloger.
Course contre la montre
C’est une course contre la montre qui a mobilisé toute l’équipe concernée par le projet la semaine dernière, week-end compris. « C’est très stimulant », commente la responsable de la logistique, qui a assuré la coordination entre les artisans de Sainte-Croix et l’ECAL autour du projet. Dimanche, au moment de l’emballage, chaque œuvre a eu droit à un emballage adapté, à grand renfort de mousse de protection avant d’être placée dans une caisse en bois. Un transporteur de l’ECAL a convoyé le précieux chargement jusqu’à Venise, où les caisses prendront ensuite le bateau avant d’être transférées dans la salle d’exposition qui leur est réservée. L’ECAL se chargera alors de la scénographie d’ici à l’ouverture de l’exposition, le 10 avril 2022.
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