Les deux millions nécessaires au rachat de la collection propriété du musée de L’Auberson ont pu être récoltés. Ce patrimoine restera donc dans la région. Il s’agit là d’une étape décisive pour le projet de regroupement des musées.
Les deux millions de francs nécessaires au rachat de la collection Baud ont été trouvés. Ils sont le fruit des dons de plus de cent septante donateurs, mécènes et entreprises. En juin dernier, alors que la convention signée entre la Fondation du CIMA, dans le cadre du projet de regroupement des trois musées, et les propriétaires de la collection Baud, Arlette Baud et Michel Bourgoz, prenait fin, la commission « finances » du comité de pilotage du regroupement des trois musées, entièrement bénévole, n’avait récolté « que » quelque 130’000 francs « seulement ». La famille Baud avait alors consenti à prolonger la convention jusqu’au 31 décembre de cette année.
Trouver 1’870’000 francs en six mois paraissait un défi bien difficile à relever. Difficile mais pas impossible. « C’est un grand jour ! C’est l’aboutissement de la première étape du projet débutée il y a cinq ans », s’est réjoui le syndic sainte-crix Franklin Thévenaz lors de la conférence de presse donnée hier au CIMA en présence du Conseiller d’État vaudois Pascal Broulis et des autorités régionales.
Le déclic
Le coup de projecteur donné notamment par des articles parus dans la presse romande ainsi que par des interventions au Grand Conseil vaudois ont attiré l’attention sur le projet. Les 1’870’000 francs manquant ont été majoritairement récoltés auprès de trois donateurs suisses romands dont la Fondation Anita et Werner Damm-Etienne de Montreux. Les deux autres mécènes désirent rester anonymes. « C’est un travail de près de deux ans qui est aujourd’hui couronné de succès. Nous avons eu la chance de pouvoir compter sur des personnes qui nous ont ouvert leur carnet d’adresses. Nous tenons remercier toutes celles et ceux qui ont rendu le rachat de la collection possible de leur soutien et de leur confiance », a apprécié Franklin Thévenaz.
« Nous sommes très heureux que ce patrimoine de musique mécanique puisse rester au Balcon du Jura vaudois. C’était notre souhait et il est exaucé. Nous remercions les personnes qui y ont contribué. Évidemment, il y a un petit pincement au cœur de ne pas avoir pu retrouver de repreneur et, de ce fait, que le Musée ne puisse pas rester à L’Auberson. Mais nous sommes convaincus que c’est la meilleure solution. Il faut aller de l’avant et regrouper nos forces pour redonner un nouvel élan aux musées de la région », s’est exprimé avec beaucoup d’émotion Arlette Baud.
La suite du projet déjà sur les rails
Il faudra maintenant trouver le financement pour les travaux et la muséographie, dont les coûts sont estimés à quelque 7,5 millions de francs, du futur musée qui prendra ses quartiers, on le rappelle, dans le bâtiment du CIMA (voir encadré). Le maître d’œuvre de cette étape est la Commune de Sainte-Croix, celle-ci étant propriétaire des murs abritant le musée actuel. La partie immobilière sera financée en partie par les deniers communaux.
L’objectif est de pouvoir trouver des soutiens auprès d’institutions privées, fédérales ou cantonales. « Je ne peux rien promettre. C’est au comité de pilotage de trouver le chemin pour proposer un projet susceptible de trouver un financement tant pour sa partie économique, touristique ou culturelle», a expliqué Pascal Broulis en précisant que des projets du même type avaient reçu le soutien du Canton dernièrement. Il a rappelé qu’il n’était pas possible ou très difficile pour un État d’intervenir dans l’achat d’une collection. « Plusieurs entités contactées pour le rachat de la collection Baud nous ont également dit de revenir plus tard, pour les futures étapes du projet. Nous allons débuter ces démarches aujourd’hui (réd. hier) encore avec une séance à 17h30 », a relevé Franklin Thévenaz. La machine est en marche !
Le comité de pilotage espère inaugurer le futur musée en 2021
La transformation des locaux actuels du CIMA, choisis pour accueillir les collections Baud, du CIMA et du Musée des arts et sciences, mais aussi l’adaptation de la muséographie actuelle afin de permettre aussi bien des visites libres que des visites guidées des différentes collections constituent les futures étapes du projet.
Le bureau LVPH de Pampigny, lauréat du concours d’architecture, va s’atteler à l’élaboration du projet, du devis pour le coût des travaux et leur planification en collaboration avec la commission « construction ». « Cette étape sera réalisée dans le courant de l’année prochaine. Puis, les travaux à proprement parler seront réalisés en 2020. Le musée Baud à L’Auberson restera ouvert au public jusqu’au transfert de la collection dans la nouvelle structure prévue. L’inauguration du musée unique est quant à elle prévue en 2021», a communiqué Olivier Guignard, municipal sainte-crix en charge de la culture et des bâtiments.
Parallèlement la commission « finances » va poursuivre son travail de recherche de fonds afin de financer les transformations du musée et la commission « administration » va s’atteler à l’organisation concrète de la nouvelle structure, les statuts de la « nouvelle » fondation et ceux de la future association des amis du musée étant quasiment sous toit.
Mise en avant du savoir-faire de la mécanique d’art
« Le regroupement des musées sous un seul toit a pour but de rassembler les collections et les forces afin de faire de cette nouvelle entité un pôle de collaboration et d’excellence », communique Séverine Gueissaz, membre du comité de pilotage et de la Fondation du CIMA. Le futur musée permettra le maintien et le développement du tissu économique spécifique lié à la mécanique d’art : les automates, les boîtes à musique, l’horlogerie et la pendulerie grâce au développement de synergies entre trois pôles : pôle de développement innovation et production comprenant les artisans et entreprises. Le pôle de formation et de relève avec le Centre professionnel du Nord Vaudois qui assure une formation de base en mécanique et la nouvelle spécialisation en mécanique d’art (FEMA) qui se fait en collaboration avec les artisans. Enfin, le pôle de conservation et mise en valeur. C’est là qu’interviendra le futur musée en mettant en avant les objets réalisés par le passé, mais en se voulant aussi une vitrine promotionnelle pour ce savoir-faire.
Rappelons en parallèle que la candidature des « savoir-faire en mécanique horlogère et en mécanique d’art » à l’inscription au Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) de l’Unesco sera déposée en mars 2019 pour une inscription prévue en 2020.
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