Les quatre communes concernées par le parc éolien de la Grandsonnaz ainsi que les promoteurs, ont reçu les citoyens qui souhaitaient s’informer du projet. À Bullet, beaucoup de questions sur les accès au site ont été posées, tandis que les mesures pour limiter les impacts du parc sur la faune ont particulièrement intéressés les opposants au projet.
Des panneaux explicatifs, largement illustrés, et des interlocuteurs disponibles, issus de la Société du parc éolien de la Grandsonnaz et des autorités des communes. Le format choisi pour présenter le projet de construction de 15 éoliennes, mises à l’enquête publique dans les communes de Bullet, Mauborget, Fiez et Fontaines-sur-Grandson jusqu’au 6 décembre 2021 via un plan d’affectation, a fait mouche, souligne en substance Maude Gonthier, syndique de Bullet. Répartis par tranche horaire, ils étaient une trentaine par soirée. « Ils ont pu voir ce qui les intéressait, poser des questions, discuter entre eux par petits groupes, et ils ne sont pas restés sur leur faim. C’était vraiment un moment d’échanges, que les participants soient pour ou contre le projet », relève la syndique.
7,35 km de nouveaux chemins
Parmi les questions les plus fréquentes, Maude Gonthier cite celle des accès aux sites prévus pour les éoliennes. Selon Pierre-Emmanuel Guérin, chef de projet, 7,300 km de chemins existants seront renforcés et 7,350 km créés pour le chantier. Les trajets ont été optimisés, notamment avec l’entreprise Friderici Special, de Tolochenaz. Le choix s’est porté sur l’utilisation de camions-remorques conventionnels au départ du parking des Rasses. Au premier virage en épingle, ils s’avanceront dans le layon forestier pour repartir en marche arrière jusqu’au second virage. Ils emprunteront ensuite l’ancien chemin forestier du Rocher, où un raccordement temporaire sera créé pour rejoindre le chemin des Tempêteries.
D’autre part, outre le stockage en andain de la terre végétale en vue de sa réutilisation après les travaux, la roche issue de la creuse des fondations sera concassée sur le site des Cernets. Elle sera réutilisée en chaille sur les chemins ou redescendue sur le parking des Planets, où le terre-plein aura été converti en aire logistique temporaire sur laquelle une centrale à béton est prévue, afin de limiter les convois. « Il n’y aura pas de béton amené depuis la plaine, pour moi c’est essentiel », relève Maude Gonthier.
Impact visuel
Les photo-montages des éoliennes telles que perçues par l’œil humain à partir de différents points de vue ont particulièrement intéressé le public. L’impact visuel le plus fort se situe au signal du sommet du Chasseron, avec les 15 machines du parc de la Grandsonnaz en ligne de mire. On en verra 13 depuis les Illars, et 9 depuis les Preisettes. Les machines seront également visibles depuis le Val-de-Travers et de la tour d’observation de Bullet, en revanche leur vision sera estompée depuis le village ou les Cluds. Les images montrent un paysage de pâturage boisé profondément transformé. Avec quel impact sur le tourisme, le site étant très fréquenté ? Pour Maude Gonthier, il est possible que certains touristes ne viennent plus, mais que les éoliennes en attirent d’autres une fois le parc réalisé.
L’Association Vol-au-Vent, qui lutte contre le parc, avait apposé des banderoles devant l’entrée de la salle communale. L’une récapitulait les huit projets éoliens prévus dans la région, l’autre rappelait les 14’000 signatures de la pétition Sauvez le Chasseron. Laurence Forster s’est intéressée aux mesures de protection de la faune, présentées par la biologiste Sophie de Chambrier. Concernant l’aigle royal, ses trajectoires de chasse ont été étudiées conjointement avec des parcs du Val de Travers et du Jura et le rapace sera suivi. La biologiste a concédé que le « risque n’était pas nul, surtout pour les jeunes qui apprennent à voler ». Pour les oiseaux migrateurs, l’implantation des éoliennes a été prévue de manière à ne pas présenter une barrière. Et un algorithme a été calculé pour stopper les machines en présence de vols importants de chauve-souris, qui interviennent la nuit par vent faible et température clémente. « Quid des effets cumulés des parcs ? », a demandé en substance Laurence Forster. Selon le chef de projet, « ils ont été évalués par le canton de Vaud et des mesures supplémentaires ont découlé des résultats obtenus ».
De son côté, Pierre Cusin a souhaité pouvoir présenter le point de vue de Vol-au-Vent aux édiles. « La question doit être étudiée par toutes les personnes concernées, dont le comité de pilotage du projet de la Grandsonnaz, la Municipalité et le bureau du Conseil communal de Bullet », a répondu la syndique, ajoutant qu’elle ne pouvait rien promettre.
Rétribution
Directeur d’Ennova SA, filiale des Services Industriels de Genève (SIG), Jean-Luc Zanasco a rappelé les bases légales en vigueur, soit la Stratégie énergétique 2050 acceptée par le peuple en 2017 ainsi que la Conception cantonale de l’énergie (2019) et le Plan climat première génération (2020). Pour la transition énergétique, les autorités vaudoises ont pour objectif d’atteindre 600 GWh/an de courant éolien en 2030. Le parc éolien de la Grandsonnaz devrait y contribuer de manière non négligeable (15 % avec ses 90 GWh/an). Le directeur a évoqué le coût du projet, de 115 millions de francs, dont 42 millions resteront dans l’économie régionale. Les éoliennes viendront d’Europe.
Les communes et les propriétaires qui mettront leur terrain à disposition seront rétribués dès la production. Ainsi Bullet, qui a cinq éoliennes en zone territoriale et deux sur des terrains en propriété touchera 2,5 % du chiffre d’affaires réalisé par la vente du courant. Les estimations portent sur une somme annuelle d’environ 20’000 francs par aérogénérateur. À quoi s’ajoute une rémunération pour les chemins et l’enfouissement des câbles. Sans contrepartie. En outre, un fonds intercommunal, rémunéré à hauteur de 1 % du chiffre d’affaires réalisé, « pourrait servir à réaliser des projets en faveur de l’écologie », estime Maude Gonthier.
À noter que la commune de Tévenon est aussi concernée par le poste de raccordement de la Combaz où aboutira la ligne souterraine, et qui est actuellement à l’enquête publique.
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