En place depuis cinq ans et réélu au mois de mars dernier, le syndic Franklin Thévenaz revient sur les points forts de la législature précédente. Il expose également les priorités fixées par les nouvelles autorités, en fonction depuis tout juste un mois. Entretien.
Journal de Sainte-Croix - La nouvelle Municipalité est en place depuis vingt-neuf jours, comment cette transition s'est-elle déroulée ?
Franklin Thévenaz - Très bien. Nous nous sommes réunis dès la fin du deuxième tour des élections afin de travailler, déjà, sur le prochain programme de législature. Il sera prêt pour septembre. Olivier Guignard est le seul membre de la Municipalité qui a changé depuis la dernière législature. C'est un très bon collègue. Il nous apporte sa personnalité, son expérience acquise durant sa vie professionnelle et l’ouverture sur l’extérieur.
Pas de quoi bouleverser l'entente qui semble régner à l'Exécutif depuis cinq ans ?
En effet. Je pense d'ailleurs que c’est un des succès de l’ancienne législature. Nous avons réussi à former une Municipalité unie sur des valeurs et des projets. J'en suis fier. Nous avons fixé des règles de fonctionnement qui ont été respectées nous permettant de travailler en harmonie. Nous sommes ainsi plus productifs, nous osons proposer des projets, nous brassons plus d’idées. À un moment donné, nous ne sommes plus de gauche ou de droite, il faut que le chat attrape des souris, c’est ça l'objectif. Autrement pas besoin d'avoir un chat.
Il n'y a donc jamais de débats politiques ?
Si, sur le rôle de la commune et la limite de son mandat, par exemple. Dans ces cas précis, nous avons beaucoup de discussions et j’aime cela. Nous essayons de procéder par consensus. Parfois, il faut attendre une semaine ou deux pour l’atteindre. Nous n’avons d'ailleurs jamais voté dans l’ancienne législature.
Hormis l'entente de la Municipalité, quels sont les projets dont vous êtes fier ?
Dans les projets récents, je suis satisfait de l'EMS, du bâtiment « Métiers 3 » et que l'on ait réussi à amorcer le début de la réflexion sur l'avenir des trois musées régionaux. Ils se sont mis d’accord pour une volonté de rassemblement pour une seule structure, une seule direction et un seul site. Nous avons bien avancé.
Avez-vous établi un calendrier pour y parvenir ?
Idéalement dans les cinq ans. Nous devrons trouver les financements. Nous avons la volonté de faire quelque chose de nouveau, d’intéressant et de différent. Que ce musée ne soit pas axé uniquement sur le passé, mais aussi sur le présent et le futur. En 2016, grâce aux smartphones, nous avons tous les musées du monde dans notre poche. Il faut que l'on offre une expérience différente pour que les gens se déplacent.
Dans un autre domaine, je trouve également l’entente scolaire très intéressante. Elle est représentative de l'évolution des relations avec les communes voisines. Avant, c’était moins facile avec Bullet et Mauborget. Désormais, cela fonctionne bien. Je vois d’ailleurs des rapprochements, si un jour il devait y en avoir d’autres, aussi avec le bas. Baulmes, Vuiteboeuf, Bullet, Sainte-Croix. Il y a une certaine logique avec la proximité géographique, la route, le train, l’Arnon. D’autres rapprochements sont aussi envisageables.
Il n'y a pas d'urgence avec cela ?
Non car nos priorités sont ailleurs.
Quelles sont-elles ?
Maintenir et créer des emplois. Diversifier. Ce seront, avec l'attractivité économique, les points principaux du futur programme de législature. Également, encourager la formation dans son ensemble. La commune y participe notamment en formant beaucoup d'apprentis.
Quelles sont les mesures à prendre pour parvenir à tous ces objectifs ?
Nous souffrons encore un peu de cette image de "pays de loups", il faut l'avouer. Pour contrecarrer cela, nous nous déplaçons souvent. Nous voulons voir et être vus. Nous allons partout. Nous nous sommes construit un réseau dans le district, à Lausanne, à Berne. Grâce à cela, nous sommes connus, les gens savent que l’on existe et inversement. Nous savons où aller dorénavant. Nous rencontrons les députés régulièrement, ainsi que les Conseillers nationaux de la région. Nous sommes très actifs à l’ADNV.
Selon vous, quelles sont nos forces pour attirer des entreprises ?
Sainte-Croix peut donner un réservoir de main-d’œuvre et de la mobilité. Elle est d'ailleurs augmentée depuis la cadence à la demi-heure du train reliant Sainte-Croix à Yverdon. Nous pouvons proposer des conditions intéressantes. Nous possédons peut-être un défaut, nous sommes encore très monothématiques, nous pensons instinctivement à la mécanique d’art et de précision. Nous devons diversifier notre économie dans les trois secteurs. Il serait bien que nous ayons d’autres jambes sur lesquelles s'appuyer, que l’on se développe dans d’autres domaines.
S’éloigner un peu de cette image de ville au riche passé industriel ?
Je n'ai pas dit ça. Il faut la garder mais la diversifier. Je pense que l’on devrait également accueillir des services de l’État. La Confédération décentralise. Nous pourrions également s'ouvrir à la recherche dans le domaine des alicaments ou dans le médical. Nous avons tout ce qu’il faut pour cela : un cadre exceptionnel, calme et propice à la réflexion. C’est un domaine que l’on aimerait explorer.
Le tourisme également ?
Oui. Il existe différents types de tourisme. Nous pourrions accueillir des écoles internationales. Nous en avions par le passé. Nous devrions recevoir à nouveau des équipes sportives. À l’époque, le Lausanne Sports faisait son camp d’été ici. Il faut que l’on travaille là-dessus avec les hôteliers de la région. Il faudra développer des infrastructures touristiques. On pense à un télésiège, par exemple. Celui-ci offre l'avantage d'être exploitable durant les quatre saisons, pour tous les types d’activités et pour tous les âges. Un télésiège ne couvre pas ses frais, c'est évident, mais il génère des retombées indirectes.
Un rêve ?
Une belle activité, pas trop grosse, offrant deux cents postes de travail. Idéalement active dans un domaine à la pointe comme un laboratoire de recherche et développement. Nous allons nous employer à le concrétiser.