Du Lokomotiv à la LNB

Anne-Laure Bielmann et ses deux co-gardiennes bénéficient chaque semaine d’un entraînement spécifique. © C. Carisey

Conseillère en financement dans une banque régionale durant la journée, Anne-Laure Bielmann troque son costume de cadre pour enfiler sa tenue de gardienne de unihockey, le week-end ainsi que trois soirs par semaine. La jeune femme évolue en effet en LNB avec l’UCY, l’Unihockey Club d’Yverdon, la seule équipe féminine romande qui joue à ce niveau.

La force tranquille. Voilà l’image qui vient à  l’esprit lorsque l’on côtoie Anne-Laure Bielmann. Aussi à l’aise dans son fauteuil de cadre que devant sa cage de unihockey, cette fille de fromager a grandi à L’Auberson avec un grand frère et une grande sœur. Enfant, elle partage volontiers le quotidien de ses parents à la fromagerie, que ce soit pour la tournée du lait, la coulée ou la tenue du magasin. Son temps libre, elle le passe essentiellement au grand air. À la patinoire naturelle, dans la forêt, à la place de jeux, puis plus tard au sein de la Jeunesse du village. « J’ai fait aussi un peu de moto-cross, puis du volley pendant plusieurs années. Depuis toute petite, je suivais Fribourg-Gottéron avec mon papa. Déjà à cette époque, j’étais fascinée par les gardiens de hockey. N’importe lesquels, peu importait, quand j’allais voir un match je ne regardais qu’eux ».

Rien d’étonnant, dès lors, à ce qu’elle occupe ce poste clé lorsque ses amis du Lokomotiv Unihockey Club décident de monter une équipe féminine à Sainte-Croix en 2013. Après une année de préparation et deux saisons en championnat, l’effectif s’effrite et les filles doivent renoncer à la compétition.

« À ce moment-là on continuait de s’entraîner une fois par semaine, mais ça ne me suffisait pas, explique Anne-Laure. J’ai pris contact avec l’UCY à Yverdon, qui jouait alors en première ligue, afin de savoir si je pouvais venir m’entraîner avec eux une fois par semaine. Lorsque j’ai dit au coach que j’avais vingt-neuf ans, j’ai senti un petit doute dans sa voix. Faut venir essayer », m’a-t-il répondu sans trop de conviction.

Le groupe est en effet composé de très jeunes joueuses. Mais ce qui aurait pu être un handicap se révèle être une force. « Anne-Laure apporte beaucoup à l’équipe, explique Nicolas Richard, l’entraîneur principal. Sa sérénité et son calme sont indéniablement un atout. Lorsqu’elle est arrivée, on s’est rendu compte qu’elle avait un réel potentiel. Elle avait de bonnes bases et de bons réflexes acquis notamment grâce à sa pratique du volley. Elle a énormément progressé depuis, car c’est quelqu’un de très déterminé. »

Très bonnes bases à Sainte-Croix

Grâce à la formation reçue à Sainte-Croix auprès de Marc-Antoine Fénart (maintenant entraîneur de l’équipe féminine de France), Anne-Laure progresse rapidement à l’UCY. En septembre 2017 elle entame sa première saison de championnat en première ligue et le 24 février 2018 c’est la consécration ! À l’issue d’un match remporté haut la main, les filles d’Yverdon décrochent leur ticket pour la LNB.

« Ça fait vraiment plaisir de voir qu’une joueuse qui a débuté dans notre petit club arrive à un tel niveau, déclare Dan Graf, président du Lokomotiv. On se dit qu’on n’a pas trop mal travaillé  », rigole-t-il.

Pour Anne-Laure et ses coéquipières, du travail il y en a eu et il y en a encore ! Une préparation physique intensive, avec trois entraînements par semaine et des déplacements le week-end jusqu’au Tessin, en Appenzell ou encore à Zurich. La jeune femme reconnaît volontiers qu’elle ne pourrait pas assumer tout cela sans le soutien de son entourage. « J’ai arrêté le volley, j’ai quitté le Lokomotiv et j’ai dû renoncer à plusieurs de mes loisirs, sans parler des sorties entre collègues ou entre amis que je dois souvent refuser. Mais c’est un choix mûrement réfléchi et dont j’ai beaucoup parlé avec ma compagne et avec ma famille. » Pas de regrets donc, car elle est consciente du fait qu’elle vit là une très belle expérience. Et lorsqu’on lui demande ce qui est le plus difficile à gérer lorsque l’on joue à un tel niveau, elle avoue sans ambages qu’il faut un sacré mental pour supporter la pression et la compétition qui règne entre les joueuses. « Il faut toujours se dépasser, car seules les meilleures restent », note-t-elle.

Dans l’immédiat, Anne-Laure Bielmann et ses coéquipières vont vivre une journée décisive ce samedi. Il s’agit en effet du dernier match de championnat avant les play-off et les play-out, lesquels décideront de l’avenir de l’équipe. Ce sera soit une nouvelle saison en LNB ou alors la relégation en première ligue.

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