Depuis le lundi 30 juin, 90 jeunes ont investi le village à l’occasion du camp de musique de la Société cantonale des musiques vaudoises. Durant deux semaines, ces campeurs s’adonnent à une pratique musicale collective intensive supervisée par des enseignants de musique.
Le camp de la Société cantonale des musiques vaudoises (SCMV) s’adresse aux musiciens majoritairement vaudois de 12 à 20 ans, qui pratiquent un instrument à vent depuis au moins deux ans. Il prend ses quartiers à Sainte-Croix depuis plusieurs années déjà, et regroupe tous ces jeunes autour d’un intérêt musical commun. Son objectif est de constituer deux harmonies (orchestres d’instruments à vent), un corps de percussions et un de tambour éphémères, lesquels se produisent ensemble à l’occasion de deux concerts publics les jeudi et vendredi soir de la dernière semaine, à Sainte-Croix (Centre sportif) et Savigny.
Chaque année, le camp gravite autour d’un thème déterminé, celui de son édition 2025 prenant « Alors on danse ! » pour titre. Le camp s’affilie en effet à une chorégraphe professionnelle afin de faire danser les élèves. Stéphane Pecorini, directeur artistique du camp, explique qu’il s’agit d’une opportunité pour les musiciens d’intégrer les rythmes et les harmonies d’une façon nouvelle, intimement liée au corps, et de s’initier pour certains à cet art que de nombreux liens unissent à la musique. Chaque année, le camp invite un chef d’orchestre, qui partage la direction de l’ensemble lors du concert final avec le directeur artistique. Le choix s’est porté sur le chef valaisan Aurélien Darbellay pour l’édition 2025.
Le camp dure deux semaines, durant lesquelles les musiciens prennent leurs quartiers dans les salles de classe du collège de la Gare, qui leur sert de dortoir.
Durant la première semaine, lors des matinées, les musiciens sont répartis par instrument, et travaillent en petits groupes avec des enseignants dans des salles de classes. Les élèves ont alors l’occasion de travailler leur technique et de se familiariser avec le répertoire qui fera l’objet du concert. Les après-midis, les élèves étaient conviés à des activités diverses et variées, leur permettant de se divertir autrement et de se défouler allègrement lors d’activités sportives. Durant la seconde semaine, l’ensemble est divisé en deux groupes, A et B, et travaille le programme du concert au centre sportif sous la tutelle des chefs d’orchestre. Quelques pièces rassemblent également les deux harmonies pour un tutti.
Retour des accompagnants et des participants
Stéphane Pecorini, directeur artistique, fait remarquer l’importance de l’élément social dans la pratique de la musique d’orchestre, expliquant que « pour faire de la musique ensemble, on doit se connaître ». Lui-même apprécie particulièrement cette mixité du camp, qui mélange expériences musicales et sociales, permettant aux enseignants de travailler avec des élèves qu’ils apprennent à connaître autrement en prenant une part intégrante à la vie du camp et en tissant des liens avec ces jeunes.
Florian Spirito, enseignant aux écoles de musique de Rolle et Nyon et président de la commission technique des tambours de la SCMV, signe sa vingtième édition en 2025. Responsable du groupe de tambours, il explique mettre un accent particulier sur la créativité au sein du camp, en tâchant de mettre sur pied une création originale avec son groupe, et explique apprécier cet engagement en faveur des jeunes, raison pour laquelle il revient année après année. Ses quatre élèves disent apprécier cet enseignement atypique.
Du côté des élèves, les retours sont unanimes : beaucoup accusent des progrès remarquables durant cette semaine de camp, dont l’intensité de la pratique (parfois au-delà de cinq heures de musique par jour) dépasse largement celle de leur cadre de travail habituel. Si certains connaissent déjà l’enseignant, c’est pour eux l’occasion de tisser des rapports différents avec ces mêmes personnes, et de les voir dans d’autres contextes, plus détendus et familiers, témoignent-ils. Pour les autres, c’est l’occasion de travailler avec un autre professeur, durant deux semaines, et de découvrir de nouvelles méthodes et de nouvelles façons de travailler, en mettant l’accent sur d’autres choses. Mélissa et Margaux expliquent par exemple que cette variété leur permet de voir quelles méthodes leur parlent le plus. L’enseignement groupé, quoique déjà connu des élèves membres de fanfares ou d’ensembles musicaux, leur laisse l’opportunité de s’entraider, le terme revenant souvent, ce qui ajoute à ce qu’ils appellent même un « effet de famille ».
Sur un plan social, ce camp est l’occasion de faire des rencontres, chose aisée pour beaucoup. Un élève, dont c’est la première année, explique avoir très rapidement sympathisé avec une quinzaine de personnes à l’issue d’une semaine déjà. Pour les autres, c’est l’occasion de retrouver des amis venant parfois de loin. Les plus acharnés prennent part au camp durant huit ans, jusqu’à atteindre l’âge limite de participation, ce qui témoigne d’un certain engouement pour cet évènement estival.
Cette année, trois jeunes de la région, Marie, Thibaud et Félicien, prennent part au camp, expliquant tous trois beaucoup apprécier cette expérience qu’ils réitèrent chaque année. C’est pour eux l’occasion de « partager la même chose » et de vivre un moment de musique ensemble, et de retrouver des amis, plusieurs amitiés durables pouvant se former pendant le camp. Ils constatent que pour la plupart de leurs camarades, Sainte-Croix devient alors « le village du camp », auquel ils associent durablement cet évènement mémorable.
L.-G. Alloati

