Du 20 au 29 juin, l’EVAM expose dans son jardin et dans l’annexe du Cinéma Royal des photos et des témoignages de réfugiés afin de marquer et de faire durer la Journée mondiale des réfugiés. L’exposition, intitulée « Reflets de vie, captures d’instants et de fulgurances », a commencé par un spectacle et un repas vendredi 20 juin.
Dans le jardin de l’EVAM, l’exposition a été suspendue sous le thuya récemment taillé, la métaphore qu’un arbre peut être forêt à lui tout seul. Cet espace végétal apaise et invite à prendre le temps dans la lecture des récits et les rencontres par les portraits photographiques.
Les quarante « reflets », témoignages de résidents, anciens et actuels, rendent compte de la dureté des parcours d’exil et de leurs joies aussi. La joie de la liberté par exemple, celle enfin trouvée pour une femme iranienne et une femme afghane, ou la joie de rencontrer du soutien, voire une nouvelle famille.
C’est un portrait de Sainte-Croix qu’on découvre à travers l’expérience des réfugiés : « Plus le train montait, plus il y avait de neige, mais qui peut vivre là ? », s’est demandé un réfugié burkinabé à son arrivée. Seize ans plus tard, il peut répondre : « Des gens qui prennent le temps de dire bonjour dans la rue ».
« À Sainte-Croix, il y avait des gens vrais, bons, parfois un peu maladroits, mais toujours humains », comme Anne-Lise ou Christine, remerciées dans les récits, parce qu’elles ont apporté une aide qui a compté. Les textes expriment la difficulté d’être loin de chez soi et de vivre dans l’incertitude, mais les anecdotes racontent les expériences positives et ne s’étendent pas sur ce qui fait mal, par pudeur ou pour épargner ou protéger les lecteurs.
Dimanche soir, chacun d’un côté du comptoir du cinéma Royal, Sarah Occhipinti et Clément Demelais racontent leur expérience des festivités de la journée mondiale des réfugiés et du lancement de l’exposition vendredi dernier. Une démonstration de la manière de tenir un enfant dans le dos avec un tissus, le poids que cela représente et les kilomètres parcourus en portant son enfant ont impressionné Sarah qui a aussi relevé « la beauté de la langue » d’un témoignage partagé et traduit par Christine Duina de l’EVAM. Clément a vu un beau message porté par l’ensemble de la soirée : « Dans un monde en guerre, l’amour est la seule chose qui nous sauvera, c’est ce que Kevin a très bien exprimé à travers son interprétation de « One love » de Bob Marley et son slam ».
Visible en libre accès, cette exposition offre une traversée humaine, à lire d’un souffle ou par petites touches — une invitation à mieux comprendre, et à reconnaître, les vies accueillies ici.
Quelques chiffres
Sur le site des Nations unies, une citation de son secrétaire général, António Guterres, est mise en exergue pour la journée mondiale des réfugiés : « Devenir un réfugié n’est jamais un choix. Mais nous avons le choix de la réponse à apporter ». Quelques pistes : mettre en avant les voix des réfugiés, construire des communautés inclusives, travailler ensemble pour la paix et les solutions, soutenir ceux qui restent et tiennent leurs promesses.
Selon les statistiques du HCR, « on compte près de 36,8 millions de réfugiés dans le monde. À cela s’ajoutent 73,5 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et 8,4 millions de demandeurs d’asile ». Le nombre de réfugiés a fortement augmenté ces douze dernières années, et celui des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays a littéralement explosé selon les chiffres de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés.
M. Feller
Espace de récits et de partage au Royal
Vendredi soir, le Cinéma Royal s’est transformé en lieu d’accueil symbolique pour la Journée des réfugiés. Organisé par Christine Duina Ike, assistante sociale à l’EVAM, l’événement a mis à l’honneur des parcours de vie marqués par la fuite, mais aussi par l’espoir, l’entraide et la résilience.
Le public, attentif et ému, a été convié à monter sur scène, pour dire son nom, pousser une chanson, raconter un fragment de vie. Une scène ouverte, comme un cœur ouvert tout grand.
Parmi les interventions, celle de Ramazan Oba, jeune Kurde ayant traversé la Turquie puis l’Ukraine avant de poser ses valises à Sainte-Croix a profondément marqué. Aujourd’hui étudiant au CPNV à Yverdon, son parcours témoigne de la puissance du lien social. Il a tenu à remercier, avec émotion, Christine Duina Ike, dont le soutien constant lui a permis d’atteindre ce qu’il croyait impossible. Christine, elle aussi, rayonnait de fierté en l’écoutant, témoin du chemin parcouru, et de la promesse tenue.
Ce moment résonnait d’autant plus fort que Christine Duina Ike s’apprête à prendre sa retraite. Adeline Stern, responsable du Cinéma Royal, a salué son engagement sans faille, tout comme Andreas Zurbrügg, responsable des centres EVAM de Sainte-Croix, Bullet et L’Auberson, et Nathalie Jaccard, municipale, venue rappeler le soutien actif de la Commune.
La soirée s’est prolongée autour d’une agape multiculturelle, préparée avec soin par des réfugiés venus des quatre coins du monde.
C. Alkabes