L’entreprise active dans la mécanique diversifie ses activités. Depuis mi-novembre, elle produit des masques de protection chirurgicaux. Elle vise principalement le marché vaudois et suisse et rencontre déjà du succès.
À l’instar d’autres entreprises, Léon Jaccard SA a été touché par le ralentissement économique engendré par la Covid-19. « Nos activités de décolletage, notamment, ont fortement baissé. Il a fallu trouver des solutions pour assurer la pérennité de l’entreprise », explique Patrick Vouillot, CEO de la société. Plutôt que de baisser les bras, l’entrepreneur et son neveu Sébastien, administrateur dans la société anonyme, ont cherché à se diversifier et à innover.
Lors de la première vague d’infection au coronavirus, l’approvisionnement en masques, principalement fabriqués en Chine, était difficilement assuré. Les responsables de l’entreprise de L’Auberson ont alors imaginé fabriquer ces objets directement dans leur usine. « Nous avons fait un business plan. Notre banque nous a fait confiance et nous avons pu aller de l’avant », se réjouit le chef d’entreprise. La marque ATJ Swiss - ATJ pour Auberson Technologie Jaccard - est créée. La société a donc consenti à un investissement important pour créer des locaux de production aux normes, avec vestiaires et lieux de stockage, ainsi qu’acquérir une machine capable de fabriquer les dispositifs de protection faciale. « Nous avions un étage complet à disposition. Nous y avions stocké toutes sortes de pièces et matériel qui dataient presque de la création de l’entreprise. Je ne vous explique pas le boulot », sourit Sébastien Vouillot.
Les travaux ont été confiés quasi exclusivement à des entreprises du village. Tout a été refait à neuf pour que le laboratoire réponde aux normes de salubrité. Il a fallu notamment monter une cloison pour isoler cette nouvelle activité du reste de l’usine. « Cela évite notamment les odeurs inhérentes à nos activités décolletage et emboîtage qui se poursuivent au rez inférieur », souligne Sébastien Vouillot.
Masques certifiés
Le laboratoire accueille actuellement une machine conçue en France. Les fournitures sont également achetées à un grossiste de l’Hexagone. « Nous avons tenté de trouver des fournisseurs suisses mais il n’en existe malheureusement pas aujourd’hui », explique le responsable du projet. Le packaging, aux couleurs helvétiques, a été confié à une entreprise spécialisée du Val-de-Travers. La marque a reçu le « Swiss label » « Nous aurons donc le droit d’apposer la fameuse arbalète sur nos boîtes », se réjouit Patrick Vouillot.
Les masques de l’entreprise ont également dû passer une batterie de tests pour obtenir la certification attestant qu’ils sont conformes à la norme EN14683 et qu’ils puissent être porteurs du marquage CE. « Ce sont des masques faciaux de type IIR dont les filtres garantissent une efficacité de filtration supérieure à 99 % ainsi qu’une protection contre les éclaboussures », annonce Sébastien Vouillot. Léon Jaccard SA a fait appel à GMB Services. La société des Charbonnières est active dans la réglementation des dispositifs médicaux. « Notre mission consiste à aider nos clients à répondre aux exigences réglementaires applicables au produit et à l’organisation », explique son responsable, Bertrand Gabry. « Nous avons listé les tests auxquels les masques ATJSwiss doivent répondre pour être homologués type IIR et ces tests ont en effet été concluants. La fabrication des masques se fait dans un environnement propre afin de répondre en permanence à ces exigences qualité », confirme-t-il.
Marché local
L’entreprise emploie actuellement, pour l’ensemble de ses activités, onze personnes. Une partie des collaborateurs ont été formés sur la nouvelle machine assurant la fabrication. Des régleurs, employés par l’entreprise aux travaux de décolletage et emboutissage, ont donc troqué leur bleu de travail pour la blouse blanche. Deux personnes ont été engagées pour des travaux de manutention sur la chaîne de production de masques.
Un important contrat de fabrication pour le compte d’une marque de masques suisses pourrait être décroché, ce qui nécessitera d’engager quelques personnes en plus pour assurer la production. « Ceci dit, nous ne visons pas de produire des centaines de millions de masques non plus. Le but est de garantir une qualité suisse, pour le marché suisse », précise Sébastien Vouillot. À 40 centimes l’unité, les prix sont sensiblement plus élevés, pour les petites quantités du moins, que certains masques que l’on trouve en grandes surfaces. « Effectivement. Mais la différence n’est pas énorme et les prix deviennent intéressants dès une commande de 5 boîtes. Et nous sommes sûrs que les gens feront l’effort pour porter des masques de qualité suisse fabriqués au Balcon du Jura », réagit le responsable.
D’ailleurs, dans un but de proximité, les entrepreneurs se sont approchés d’institutions et entreprises locales pour proposer leurs masques. « Un peu de publicité effectuée auprès de nos contacts dans la région porte déjà ses fruits », se réjouit-il. « Nous avons également deux points de vente, un à Sainte-Croix et un à L’Auberson (voir annonce en page 5) pour les particuliers qui veulent acheter une boîte à la fois », annonce le responsable. Pour les commandes en gros (cinq boîtes minimum), il suffit de passer directement par l’entreprise par téléphone ou via le site Internet de la marque (www.atjswiss.ch).
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