La correction projetée de la route de la Côte a intéressé un nombreux public mercredi soir. Les risques pour les habitations du percement du tunnel et les nuisances du trafic ont principalement motivé les interventions.
« Nous voulons savoir ce qui va se passer au niveau de nos maisons. » L’inquiétude des habitants du Château était palpable, mercredi soir, chez les 58 participants à la soirée d’information organisée par les responsables cantonaux, les mandataires du projet et la commune autour de la correction de la RC 254 dans le secteur du Château de Sainte-Croix, qui inclut la construction d’un tunnel de 200 mètres (JSCE du 6 mai 2022). Davantage que l’ouvrage en soi, les habitants redoutent que leurs maisons ne soient endommagées par les vibrations lors du percement du tunnel.
Claude Müller, voyer de la région Nord, Didier Kreis, chef de projet et son adjoint, Christian Robert-Grandpierre, ont répondu à toutes les interventions. « Oui, vous avez raison, une fissure ouverte pourrait s’ouvrir un peu plus. Une expertise des bâtiments est prévue avant le début des travaux », a précisé l’adjoint au chef de projet, qui, comme le voyer Claude Müller, s’est montré rassurant : « L’utilisation de l’explosif est maîtrisée et mise en œuvre techniquement de façon à limiter les vibrations. En outre, des sondages de reconnaissance vont permettre d’adapter le minage. Enfin, le tunnel est trop court pour recourir à un tunnelier, une machine de 200 mètres de long nécessiterait une galerie de la même longueur pour le lancer.
Souterrains
Si l’ordonnance sur les chantiers permet de travailler de 6 heures à 22 heures, dans les faits, les exigences spécifiques des minages feront que les plans de tir s’échelonneront entre 7 heures et 20 heures. Il a aussi été question plusieurs fois de la présence, réelle ou fantasmée, de souterrains, voire d’un puits sous le château savoyard, qui pourraient interférer avec le tunnel. Le cas échéant, les solutions techniques existent, ont rassuré les ingénieurs. En revanche, la question de l’épaisseur du rocher entre le haut du tunnel et les fondations des maisons, estimée à 3-4 mètres par une habitante inquiète, et à 10 mètres par la DGMR, n’a pas été tranchée.
« Le tunnel, pour moi ils peuvent le faire demain ! ». L’exclamation d’un riverain symbolise le ras-le-bol du bruit du trafic dans ce secteur fréquenté par 5’500 véhicules par jour selon un comptage de 2015, en augmentation depuis. Les habitants du Chalet du Rocher ont dit leurs craintes que l’amélioration de la route n’incite les usagers à rouler plus vite, accentuant le bruit qu’ils supportent déjà. Certains ont demandé un revêtement phono-absorbant.
Quelques personnes ont mis en doute le choix du tunnel : « La route n’est pas dangereuse, ce sont les gens qui roulent dangereusement », a avisé un habitant, demandant une simple limitation de vitesse. « Une modération de vitesse n’est envisageable que si le secteur est très construit », a avisé le voyer, ajoutant que des comptages ont montré que « 87 % des usagers roulent à moins de 57 km/h, dont la moitié en dessous de 50 km ». Parfois les échanges étaient brefs : « Pourquoi pas une glissière au lieu d’une barrière ? ». « Techniquement impossible, le mur est foutu », dixit le voyer.
26 variantes
Le choix du projet tel que présenté résulte de l’étude de 26 variantes, ont expliqué les représentants de la DGMR. Avec le syndic Cédric Roten, ils ont précisé que la dégradation de la route actuelle nécessiterait des coûts d’investissements supérieurs au prix du tunnel pour refaire les infrastructures de la chaussée à cet endroit.
Quelques propos à fleur de peau ont émaillé la soirée d’information, qui s’est déroulée dans un bon climat. À l’issue de la soirée, les riverains ont pu échanger directement avec les intervenants. Ils ont été entendus. Ont-ils été convaincus ? Ils ont jusqu’au 30 mai 2022 pour consigner leurs remarques et demandes d’information dans le cadre de la procédure de l’enquête publique à Sainte-Croix et à Bullet.
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