Autour d’une collation, le Café-contact organisé par des bénévoles à l’EVAM apporte de la chaleur humaine et crée un lien social avec la société civile. Tandis que le vestiaire est précieux, surtout à la veille de l’hiver.
Café, thé, fruits et biscuits. Une fois par semaine, les résidents du foyer de l’EVAM qui le souhaitent partagent un moment avec des bénévoles de Café-contact, dans une salle du rez-de-chaussée du bâtiment qui fut jadis une infirmerie, puis le foyer-restaurant du personnel de Paillard SA. Lundi dernier, Christine Masini, Anne-Lise Tanner et Daisy Masini se succédaient au service, souriantes et disponibles. Tout en encourageant une élève du cours de français ou en s’inquiétant de savoir si une jeune femme avait des nouvelles de sa famille restée au pays.
Dans la salle à l’austérité adoucie par des chaises de couleur pistache et des rideaux bleus, des jeunes adultes, venus pour l’essentiel d’Afghanistan, discutaient entre eux à voix basse. Parmi eux, Mohammad, 23 ans. Il dit se sentir en sécurité à Sainte-Croix, mais reste très préoccupé par la situation de sa femme et de sa petite fille, qui n’ont pas pu sortir d’Afghanistan avant son bouclage total.
Inquiétude
À la table voisine, cinq jeunes femmes venues d’Afghanistan, d’Iran et de Somalie apprécient de se retrouver au Café contact. Elles ont en commun d’avoir dû fuir leur pays, une longue errance pleine de tribulations à travers divers États, ainsi qu’une grande inquiétude pour les proches restés au pays. Les jeunes Afghanes exerçaient une activité professionnelle dans leur pays, menacée par l’emprise des talibans sur la vie quotidienne. L’une d’elles montre des photos de sa sœur et de ses neveux, qui doivent se cacher. Sa voisine témoigne : « ma famille est éparpillée, on ne peut pas l’appeler. Je suis toujours en train de consulter mon téléphone en espérant qu’elle me contacte ». Elle s’inquiète aussi de la politique très restrictive de Berne quant à l’accueil de réfugiés afghans en Suisse.
Les animatrices sont soulagées de pouvoir à nouveau mettre sur pied ces petits moments de convivialité, interrompus pendant plus d’un an par la pandémie, jusqu’à cet été. « Nous avons accueilli jusqu’à vingt personnes par matin en extérieur », précise Christine Masini.
Dans un angle du bâtiment, au rez-de-chaussée, Kumari veille à la tenue des vestiaires, réorganisés en trois secteurs sur 30 m2 – femmes, hommes, linge de toilette et de lit - afin de limiter les présences simultanées. Kumari, arrivée du Sri-Lanka à Sainte-Croix il y a une dizaine d’années après un long périple, a d’abord séjourné à l’EVAM, puis a décroché un permis B. Elle est fière de présenter les rayonnages où s’alignent en bon ordre des vêtements de seconde main, vendus à des prix symboliques. Une partie des chaussures sont neuves, la structure de Café-contact finançant des achats quand ces articles, en particulier pour l’hiver, viennent à faire défaut. « Il nous manque des vêtements d’homme, surtout des vestes pour l’hiver et la neige », avise Kumari à l’intention de Claude Michaud, un des co-responsables de Café contact. « C’est grâce à tous les bénévoles qui m’ont aidé que j’ai pu rester à Sainte-Croix », témoigne Kumari. Elle aime son travail et l’échange avec les requérants de pays différents, « même si la communication est parfois difficile ».
Composé essentiellement de jeunes retraités, le groupe de bénévoles de Café-Contact – 15 à 20 personnes – a tenu récemment son assemblée annuelle. Les quatre volets de son activité sont tributaires de la fréquentation du foyer de l’EVAM, actuellement de 80 à 90 personnes.
L’EVAM met à disposition les locaux des activités de Café-contact, dont la mise en route sous cette forme en 1991-1992 est l’œuvre du couple Arlette et Paul Schneider, qui s’est retiré en 2019. En complément des cours obligatoires de français organisés par l’EVAM, Dominique Schmid, ancienne enseignante, dispense une fois par semaine un cours aux requérants volontaires. D’autres bénévoles, les « marraines », sont à disposition des parents d’enfants scolarisés chaque vendredi après l’école. Le but est double : permettre à ces dernières de comprendre les annotations des enseignants dans les agendas de l’élève et organiser – hors pandémie – des goûters et des animations. Mais comme en 2020, la Fête de Noël sera remplacée cette année par des bons de 20 francs remis aux adultes.
Le comité se compose actuellement de Christine Masini, Anne-Lise Reuge, Claude Michaud et Olivier Guignard. Certains de ses membres participent aux réunions qui ont lieu toutes les 6 à 8 semaines avec les responsables de l’EVAM et des représentants des écoles et des autorités.
Café-contact fonctionne avec le bénévolat, la vente d’habits reçus, propres et en bon état, et des dons indispensables. En dehors du cadre des activités, chaque bénévole peut suivre une famille ou aider un jeune dans ses démarches en vue d’un apprentissage, ou apporter tout autre soutien. Des contacts téléphoniques ont été maintenus pendant les restrictions liées à la COVID.
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