Le troisième et dernier acte de la dissolution des associations des musées sainte-crix s’est joué mardi soir, lors de l’assemblée générale du Musée des Arts et Sciences (MAS). Un pas de plus vers la nouvelle institution muséale, dont l’ouverture est prévue l’an prochain.
Le Musée des Arts et Sciences (MAS), fermé depuis mai 2022, a été tiré de son sommeil mardi soir pour une ultime assemblée générale sous la présidence de Grégoire Wyss. Les 36 membres présents ont entériné sans avis contraire la dissolution de l’association fondée en octobre 1872.
Si le moment était nostalgique, la page qui se tourne permet d’écrire un nouveau chapitre de la fusion des trois institutions muséales sainte-crix, les Musée Baud, MAS et CIMA. L’assemblée a pris une série de décisions dans ce sens. Elle a approuvé une convention portant sur la cession de l’ensemble des collections du MAS à la Fondation le Musée, patrimoine et mécanique d’art, historiquement Fondation du CIMA. Dans la convention, les peintures du Dr Jaccard font l’objet d’une clause particulière, soit l’interdiction de toute vente d’une œuvre pour une durée de 100 ans.
L’Atelier perdure
Les collections de l’Atelier du Dr Wyss, confiées au MAS en 2009, sont transférées à une nouvelle structure, l’Association de l’Atelier du Dr Wyss. Les locaux de l’Atelier sont cédés à la commune de Sainte-Croix. L’exploitation de l’Atelier reste indépendante et les visites continuent d’être accompagnées par des guides bénévoles. La structure qui a accueilli 298 visiteurs (48 groupes) en 2022 bénéficiera du soutien promotionnel du Musée.
Entre janvier et mai 2022, le MAS a été ouvert 29 jours et il a enregistré 144 entrées.
Le comité du MAS va fonctionner comme liquidateur de l’association. Il va remettre la fortune du MAS à la Fondation le Musée (6000 francs) et à l’Association de l’Atelier du Dr Wyss (3000 francs).
Les membres de la désormais ex-association du MAS pourront poursuivre leur soutien à une institution muséale en adhérant à la nouvelle association des amis du nouveau musée, dont la création est imminente, a annoncé Rachel Gueissaz, du comité du MAS.
Médiation culturelle
Le bâtiment centenaire du MAS, œuvre du bureau d’architecte Jules-H. et Henri Verey de Lausanne, conservera une affectation culturelle, indiquent les municipaux Rachel Gueissaz et Sylvain Fasola. « La Municipalité a donné un accord de principe pour envisager que ce lieu accueille les activités de médiation culturelle », précise Sylvain Fasola.
L’assemblée a observé une minute de silence à la mémoire de Michel Bühler, ami et soutien indéfectible du Musée et de Raymond Fressineau, guide de l’Atelier. Le mot de la fin a été sollicité par Mooret. L’artiste a parodié une chanson de Michel Bühler, « Rue de la Roquette » pour dire adieu au MAS : « …Il possédait dans ses vitrines de quoi rêver devant des toiles à cadre doré et plein d’objets de par ici, mais un jour ils ont décidé que c’était fini… »
Plus de 150 ans d’histoire
Tout au long de son existence, le MAS a pu compter sur l’engagement bénévole, éclairé et généreux de nombreux sainte-crix de souche ou d’adoption. Daniel Glauser, conservateur du MAS, a rappelé les débuts du musée, avec une petite exposition de fossiles et de médailles romaines organisée par le Dr Gustave Campiche dans le cadre de la bibliothèque publique qu’il venait de fonder. Dès 1872, deux professeurs de sciences, Gustave Leresche et Henri Schlüsser, mettent sur pied et développent diverses collections : empaillage, minéralogie, géologie, botanique et antiquités.
Jusqu’en 1908, le Musée est installé dans les combles du bâtiment des pompes à incendie de la rue Neuve. Le bâtiment actuel est inauguré en 1908. Quelques décennies plus tard, l’institution s’étoffe progressivement avec l’installation d’un Musée industriel (1965) et le legs de la collection de peintures du Dr Jaccard. Dès 1985, le musée devient le MAS (Musée des arts et sciences). Divers objets sont prêtés au nouveau Centre international de la mécanique d’art (CIMA), qui vient d’être créé. Dès 1994, des expositions sont réalisées en étroite collaboration avec René Schmid dont « Maisons rurales du Jura vaudois » ou « Résistances à la révolution de 1798 à Sainte-Croix » ou encore « Vache d’Expo », en collaboration avec le CIMA.
À partir de 1995, une nouvelle muséographie est mise en place dans des vitrines qui proviennent, comme au début du 20e siècle, du Musée cantonal de Lausanne. Réouvert au public en novembre 2000, le MAS a orchestré depuis une trentaine de manifestations, dont une exposition permanente d’objets recueillis lors des fouilles archéologiques locales du groupe Caligae. Le MAS a accueilli également « Les mots » de Michel Bühler ; le centenaire du Musée avec une fantaisie théâtrale écrite par Michel Brouard ; « D’ardoise et de craie, l’école d’autrefois »; « Un pou dans la tête », le film d’Anne Crété sur Donat Guignard; « Robert Fernier et les peintres de l’ École de Sainte-Croix », « 50 ans de cinéma amateur et familial à Sainte-Croix » ; «Flânerie à Sainte-Croix », par les photographes Deriaz et finalement « Destins croisés » de Yves Meylan et Michel Bühler. Plusieurs expositions ont fait l’objet de publications spécifiques.
Le gros-œuvre du Musée est terminé
« Le gros-œuvre du futur musée est terminé, les travaux portent actuellement sur l’installation des parois qui sépareront les différentes salles d’exposition. Le chantier avance dans les temps», a annoncé Diane Esselborn, conservatrice du nouveau musée.
Du côté des collections, « les inventaires sont à jour », s’est réjouie l’historienne de l’art titulaire d’un master en études muséales, qui recherche actuellement un logiciel capable de fusionner numériquement les différentes listes.
À fin 2023, les espaces devraient être prêts pour accueillir la nouvelle scénographie, à laquelle travaillent Diane Esselborn et Laurent Pavy. Pour rappel, les orchestrions et automates (collection Baud) seront présentés au rez-de-chaussée, où se situera également l’accueil et la cafétéria. Les espaces supérieurs se déclinent en « atelier industriel », « son » et « mouvement » et salle d’exposition temporaire. À l’ouverture du Musée, l’an prochain, « la Mécanique d’Art et le patrimoine immatériel » inaugurera le cycle d’expositions.
Le Musée proposera deux types de visite : un parcours libre à travers les salles thématiques pour admirer les objets installés dans les parois vitrées (Schaudepot) et un parcours guidé avec animations sonores et visuelles.
En outre, la conservatrice planche sur de nombreuses médiations culturelles, avec des conférences et des ateliers, entre autres.
Au niveau organisationnel, la Fondation du nouveau Musée va prochainement constituer son nouveau conseil, qui remplacera celui du CIMA.
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