L’inquiétude grandit aussi chez les politiciens du Nord vaudois. Le député et ancien syndic de Bullet, Jean-Franco Paillard, et Jean-Daniel Carrard, député et ancien syndic d’Yverdon-les-Bains, ont déposé mardi 21 février une interpellation au Grand Conseil.
Celle-ci demande notamment au Conseil d’État de se positionner clairement sur un éventuel départ de la médiamatique vers Payerne, ainsi que sur les garanties évoquées dans le projet soumis au vote en octobre.
Pour rappel, le Grand conseil avait alors validé un crédit pour financer le projet de construction de la future école professionnelle de Payerne. L’exposé des motifs et projets de décret (EMPD) décrivait aussi un scénario dans lequel la médiamatique serait regroupée avec les apprentissages liés au commerce et à la vente sur le nouveau site de la Broye.
La presse s’en étant récemment fait l’écho, Jean-Franco Paillard prend conscience du départ probable de la formation et admet avoir un peu tardivement réalisé les conséquences pour le tissu économique local. « Je ne me rendais pas compte du nombre d’élèves que cela représentait. Et c’est là qu’on se dit « Mais comment compenser cette amputation qui représente presque 50 % de l’école ? ».
L’engagement que ce déplacement ne se fasse pas au détriment du site de formation à Sainte-Croix a bien été pris par le Conseil d’État qui l’avait fait inscrire dans le projet soumis au vote. Cédric Roten et Yvan Pahud, tous deux députés au Grand Conseil et cosignataires de l’interpellation de Jean-Franco Paillard, avaient en effet œuvré en ce sens auprès de la Conseillère d’État alors en charge de la formation et du projet, Cesla Amarelle. Selon le municipal Yvan Pahud, la seule marge de manœuvre possible était alors d’obtenir des garanties que la formation remplaçante assure un nombre d’élèves équivalent, mais pas de s’opposer au départ de la médiamatique. Ce point crispe aujourd’hui de part et d’autre car comment garantir qu’une nouvelle formation assure un flux d’étudiants comparable dès les premières années ?
« Déshabiller Pierre pour habiller Jean »
La formule qui prête à sourire image pour l’ancien syndic de Bullet le déplacement de la médiamatique à Payerne. « Je trouve dommage d’anéantir toute une formation qui marche très bien ici », déplore Jean-Franco Paillard. Le syndic de Sainte-Croix regrette également ce « cannibalisme » de la formation. « Si on est capable de trouver une nouvelle formation ici, pourquoi ne pas la mettre à Payerne dans une nouvelle école ? s’interroge-t-il. À Sainte-Croix, il y a déjà vingt ans d’investissement, la commune a construit un bâtiment et beaucoup d’efforts ont déjà été faits. »
Depuis octobre, pas de nouvelles du Conseil d’État, qui aurait régulièrement été « talonné » sur la question, selon Cédric Roten. Le gouvernement s’est par ailleurs engagé à impliquer les acteurs politiques concernés dans la réflexion autour du choix d’une possible formation remplaçante. Si Jean-Franco Paillard espère encore un maintien de la médiamatique sur le site de Sainte-Croix, Yvan Pahud, lui, se montre optimiste face à l’arrivée éventuelle d’une nouvelle formation. « On est pour le maintien le plus longtemps possible de la médiamatique, mais c’est peut-être l’occasion de donner une autre opportunité à notre village en accueillant un nouvel apprentissage », estime-t-il, évoquant des formations dans les nouvelles technologies, ou à forte valeur ajoutée.
Même nombre d’étudiants, dans tous les cas
Selon Lionel Eperon, directeur de la Direction générale de l’enseignement postobligatoire, aucune décision officielle ne serait encore prise à ce jour. Le département de la formation étant aujourd’hui dirigé par Frédéric Borloz, le dossier est également passé entre ses mains. Le conseiller d’État aurait informé le syndic de Sainte-Croix de son intention de s’y plonger prochainement afin de rendre une décision. « Et si le regroupement de l’ensemble des apprentis médiamaticiens dans la future École professionnelle de Payerne venait à se confirmer, d’autres formations seraient alors dispensées dans les locaux du site de formation de Sainte-Croix. Des discussions exploratoires avec les autorités communales ont d’ailleurs été initiées pour enrichir la réflexion sur l’ensemble des scénarios possibles. Dans tous les cas, et si la médiamatique venait à être transférée sur un autre site, le Département en charge de la formation veillerait alors à ce qu’un nombre d’élèves comparable continuent à être formés sur le site de Sainte-Croix, également dans des secteurs à forte valeur ajoutée (micromécanique, métiers d’arts, par exemple ; soit des branches en lien avec l’histoire et patrimoine industriels de la région) », rassure Lionel Eperon.
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