Le captage d’eau à proximité de la rivière Noiraigue devra être sécurisé, sous peine d’être définitivement arrêté d’ici à la fin 2027. Cette situation sera, entre autres, responsable de la poursuite de la hausse du prix de l’eau. L’information a été donnée lors de l’assemblée générale de la Société des Eaux de L’Auberson, qui s’est tenue le 7 octobre dernier.
Un essai de traçage a été effectué dans la rivière à fin juillet 2024 par la société AbaGeol. Cette étude a été commandée dans le cadre de la mise à jour des zones « S » de protection des eaux souterraines.
Le traceur, de la fluorescéine, a été injecté dans la rivière au niveau du pont sur la Noiraigue, au lieu-dit « Le Carre ». Quelques trois heures après l’injection le produit a déjà été détecté à la station de pompage qui se situe quelques dizaines de mètres en aval. Cette dernière capte l’eau d’une émergence dans le talus voisin, mais dans laquelle s’infiltre donc en quelques heures une infime part (de moins de 0.3%) provenant de la nappe d’accompagnement du ruisseau.
« Avec un temps de transit moyen de quatre heures, nous sommes, pour ces 0.3%, largement en dessous des dix jours requis pour une filtration naturelle », explique Manuel Gurtner, président de la coopérative. « Deux pics de concentration, certes très faibles, ont été enregistrés (1.36 et 0.3 partie par billion), mais c’est suffisant pour confirmer qu’un risque sanitaire potentiel existe.
Le captage prélève une part très faible des eaux de surface, mais la norme de potabilité de zéro bactérie ne peut pas être garantie si une pollution accidentelle (purin, bétail, accident de la circulation …) devait survenir », poursuit-il.
À savoir qu’il existe actuellement un système de mesure qui rejette automatiquement l’eau du captage dès que sa turbidité augmente. Cette protection est complétée par la chloration de l’eau.
Des sondages prévus fin octobre
« Vu que ce captage fonctionne depuis 60 ans sans avoir jamais connu de problèmes, un moratoire de deux ans pour la recherche de solutions permettant de supprimer cette connexion avec la nappe de la Noiraigue a été octroyé par le canton. En l’absence d’approvisionnement alternatif totalement sécurisé d’ici 2027, cette source devrait être définitivement arrêtée. Si c’était le cas, cela nuirait considérablement à notre autonomie, car ce captage « de secours » est en réalité bien plus stable que notre source de Fontaine Froide en amont », commente le président.
Il s’agit maintenant pour la coopérative d’identifier les zones de refoulement et de sécuriser la qualité de la ressource en eau. Des sondages seront effectués par un hydrogéologue dans le secteur entre la Noiraigue et les Granges-Jaccard, à proximité immédiate de la station de pompage actuelle. « L’idéal serait de trouver un aquifère ici qui nous permettrait de nous relier à la station existante », ajoute Manuel Gurtner.
Hausse du prix de l’eau en vue
Les comptes de l’exercice 2024 se clôturent, quant à eux, pour la troisième fois consécutive sur un déficit. Ce dernier est néanmoins réduit par rapport aux années précédentes et se chiffre à -5’178,16 CHF. Les hausses précédentes du prix de l’eau jusqu’à 1,59 CHF le mètre cube ont permis de rapprocher les comptes de l’équilibre.
Ce sont avant tout les frais exceptionnels de recherche de fuite qui ont grevé le budget de l’exercice écoulé. Mais Cédric Guillaume Gout, caissier, a bon espoir de pouvoir en refacturer une partie aux propriétaires concernés.
Une prochaine hausse du prix de l’eau sera néanmoins probablement inévitable et devra à nouveau être documentée et soumise à Monsieur Prix. Les investissements à consentir pour la sécurité du captage de secours en sont la cause. « Nous devons aussi commencer à provisionner en vue du prochain renouvellement des compteurs. Leur durée de vie est de dix ans ; ils devront donc à nouveau commencer à être remplacés à partir de 2032 », explique le caissier. « Toutefois, nous espérons que les travaux seront beaucoup moins conséquents, car les conduites ont déjà été adaptées chez tous les consommateurs lors du renouvellement précédent. »
À savoir encore que l’assemblée générale du 7 octobre dernier n’a pas déplacé les foules. Le comité de la société des eaux de L’Auberson a regretté que les jeunes propriétaires n’aient pas fait le déplacement, il rappelle que la société accueille volontiers de nouveaux membres.
P. Duperrex

