Les annonces du Conseil fédéral, vendredi dernier, étaient à la fois attendues et redoutées par les acteurs de la restauration. La Suisse romande récolte les fruits de sa bonne conduite, mais c’est un soulagement en demi-teinte, puisque les restrictions pourraient se durcir en cas de dégradation de la situation épidémiologique.
« Il était vraiment temps de pouvoir à nouveau ouvrir ! ». Plus qu’une constatation, c’est un cri du cœur unanimement lancé par tous les restaurateurs du Balcon du Jura interrogés ces derniers jours. Alors qu’ils préparaient activement la réouverture prévue le 10 décembre, la mise en consultation mardi passé à Berne d’une nouvelle série de mesures a failli mettre en péril la reprise tant attendue. Le couperet est tombé trois jours plus tard. Le Conseil fédéral a entendu les arguments des cantons romands et décidé d’autoriser ces derniers à étendre les horaires d’ouverture des établissements publics jusqu’à 23 heures, y compris les dimanches et jours fériés. Trois conditions à cela. Le taux de reproduction (soit le nombre de personne qu’un individu infecté peut contaminer à son tour) doit rester en dessous de 1. Le nombre de nouvelles infections doit être inférieur à la moyenne nationale et enfin la capacité d’accueil dans les hôpitaux doit être suffisante. Des critères qui sont pour l’heure respectés mais le taux de reproduction, actuellement de 0,92 dans le canton de Vaud, signifie que la situation reste fragile.
« On essaie de sauver les meubles »
Les nouveaux gérants du restaurant des Avattes veulent y croire malgré tout. Enthousiastes et plein d’espoir en l’avenir, ils connaissent des débuts très chahutés. « Nous devions ouvrir le 14 novembre et nous avions planifié nos commandes de marchandises en conséquence. Nous avons de la chance que nos fournisseurs se montrent compréhensifs et nous accordent des délais de paiement, mais c’est quand même compliqué au niveau de l’organisation », avouent Gökhan Bozdag et Myriam Afonso. Autre difficulté, le statut de leur établissement qui n’a été clarifié que vendredi dans la journée par l’EMCC (État-Major de conduite cantonal). Situé sur le domaine skiable des Rasses, l’autorité compétente a néanmoins considéré que le restaurant pouvait également être accessible à pied ou en raquettes et qu’il n’était dès lors pas tributaire des horaires d’ouverture des remontées mécaniques. Un soulagement pour le jeune couple qui se réjouit de pouvoir enfin démarrer son activité et accueillir ses premiers clients.
Olivier Chablaix des Cluds souligne lui aussi les difficultés organisationnelles. Les directives tombent à la dernière minute, sans parler des mesures qui ne sont pas toujours claires. « J’ai déjà eu cinq contrôles depuis le printemps. À chaque fois il y a des changements. On essaie de s’adapter, de faire tout juste, mais ça n’est vraiment pas facile. »
Des incertitudes qui pèsent sur le moral des plus aguerris, mais qui ne les empêche pas d’avoir foi en leur métier. « Je suis heureux de pouvoir ouvrir à nouveau, car j’aime ma profession, explique Alain Meuwly patron du café-restaurant de La Gittaz. Une fermeture à 19 heures aurait été très compliquée, surtout lorsqu’on est situé dans une région de montagne. Il n’y a pas autant de passage qu’en ville. » Il constate cependant que la reprise est plus timide qu’au printemps, sans doute en raison de la réserve et de la prudence d’une partie de la clientèle.
Si pour l’heure les bars et restaurants romands bénéficient d’horaires d’ouverture plus larges que dans le reste du pays, une dégradation de la situation sanitaire pourrait à nouveau faire basculer les choses. Les prochaines annonces du Conseil fédéral sont attendues pour le 18 décembre.
0