À La Cruchaude, une des réserves naturelles de Pro Natura Vaud, la première étape d’une valorisation du site touche à sa fin. Après plusieurs mois de travaux, près de 120 mètres de murs en pierres sèches sont remis à neuf. Du choix de l’endroit à la gestion du chantier, le projet associe le respect de la nature, la sauvegarde du patrimoine, le bien-être des promeneurs et l’animation socio-éducative.
Jadis, ces constructions délimitaient les pâturages. « À une époque, des clôtures en pierre furent privilégiées sur celles en bois. Ceci permettait de faire face à la surexploitation des forêts », explique Kelly Delavy, responsable des réserves naturelles Pro Natura Vaud. Aujourd’hui, les murets en pierres sèches rythment les paysages. Vestiges du passé, souvent écroulés, ils agrémentent les balades des randonneurs. Ceci n’est point anodin pour la mise sur pied du chantier. « Rien que dans nos réserves naturelles, il y a des kilomètres de ces ouvrages. Pour déterminer le site et la partie de la structure à remettre en état, l’aspect touristique est pris en compte. » La restauration se fait là où le muretin est visible, où il souligne le paysage. Là où il longe les sentiers des randonneurs. Après deux campagnes de restauration de ce type réalisées dans les Alpes vaudoises, c’est La Cruchaude (Grandevent) avec son chalet d’alpage qui a été retenue. Un état des lieux a permis d’estimer la faisabilité du projet. « En sus d’une considération de la logistique, nous avons travaillé en concertation avec l’exploitant de l’alpage. »
Au boulot
Pro Natura Vaud tâche d’opérer en harmonie avec l’environnement et les personnes. En filigrane du projet, cette volonté se lit. « Grâce à nos sponsors dont le Fond Suisse pour le Paysage et deux fondations, Ernst Göhner et Famille Sandoz, ainsi que la Loterie Romande nous avons pu mandater une entreprise en adéquation avec notre philosophie », affirme Kelly Delavy. L’équipe de muretiers professionnels procède à la restauration de la structure. Qui plus est, ils partagent et transmettent le savoir-faire artisanal à une équipe de civilistes et bénévoles. « Ce mode opératoire crée un genre de frénésie. Malgré la canicule et la Covid-19, le chantier a avancé comme prévu. C’était une ruche aux abeilles souriantes. » En effet, c’est un travail assez laborieux. D’abord, la partie à restaurer est démontée avec précaution. Pour la reconstruction, les pierres qui manquent viennent majoritairement de l’alpage. C’est un véritable puzzle. Le savoir-faire et le hasard se côtoient. Le chantier permet également de constater l’importance de ces structures pour la biodiversité. « Nous avons trouvé plein de signes qui prouvent que ce sont des lieux bouillants d’activité. » Des batraciens et insectes s’y réfugient. Des petits mammifères tels que les hermines s’en servent pour chasser, pour se déplacer. Composant du biotope des alpages, ces murs en pierres sèches contribuent à l’écosystème.
Mi-août, des enfants sont venus sur le site. Ceci a permis de les faire découvrir un métier d’autrefois mais aussi de les initier à la nature et l’agrotourisme. Le deuxième tronçon sera réalisé l’année prochaine. Ainsi en automne 2021, au total 200 mètres des 4 kilomètres de murets que compte la réserve de La Cruchaude seront restaurés. Avec une durée de vie d’environ un siècle, cette construction embellira le paysage.