
En cette fin d’après-midi de novembre, quel bonheur de quitter la tempête de neige et de pénétrer dans le temple où nous accueille un joyeux charivari ! L’orchestre d’Yverdon-les-Bains, composé d’une cinquantaine de musiciens, s’exerce, chacun dans sa partie.
Peu à peu, le temple s’emplit d’une septantaine d’auditeurs.
L’orchestre est en place, calme, et son chef, Christian Delafontaine, s’avance pour saluer le public, et dire le contentement et l’excitation des musiciens de se retrouver à Sainte-Croix, avec de la neige.
Il remercie Anne-Marie et Gérard David qui ont organisé ce moment. Il accueille la première soliste, Clara Scholtz (13 ans), en présentant l’œuvre de Max Bruch, « Kol Nidrei », prière juive du temps du Yom Kippour.
Et la magie opère : la paix s’installe et s’élève le son profond et chaleureux du violoncelle, entouré et accompagné par un orchestre conduit tout en douceur.
La harpe se glisse harmonieusement au détour d’une phrase musicale et s’intègre à cette prière emmenée par le violoncelle de Clara.
Cette sensible et jeune virtuose est longuement applaudie, tant par les musiciens de l’orchestre que par le public.
« Ouverture » de « L’enlèvement au Sérail » de W.-A. Mozart
Surprise : arrivée par l’allée centrale du grand tambourin brandi par Hedi Azarpour, en costume de mariage kurde d’Iran. Il frappe en rythme sonore et puis s’efface devant l’orchestre retentissant de cette joie mozartienne qui nous remplit d’énergie.
Puis, en solo, ce Kurde qui passa à l’EVAM à Sainte-Croix il y a dix ans, troque le tambourin pour son târ (instrument de la famille des luths, à onze cordes, originaire de l’Azerbaïdjan). De sa voix mélodieuse portée par les broderies de son instrument, il nous emmène vers son pays mystérieux. À sa suite, l’orchestre s’envole légèrement et reprend le thème si rythmé du tempo primo.
Actuellement, Hedi Azarpour fait une formation d’interprète, commence à être apprécié dans le monde de la peinture, et joue cette merveilleuse musique de son pays.
Concerto pour cor et orchestre nº 3 de Mozart
Mozart revient dans l’or du cor de Christian Sturzenegger, emporté et soutenu par les violons et les vents. Interprétation toute en sensibilité et finesse dans l’Allegro.
Dans la Romance-Larghetto, nous voilà emmenés dans une nature paisible et harmonieuse où le thème coule comme une source. Puis, dans l’Allegro, la musique reprend sa course joyeuse jusqu’au final.
Le soliste et l’orchestre sont longuement applaudis, des bravos fusent. Nous bénéficions donc d’un bis.
Symphonie nº 104 « Londres » de Joseph Haydn
Le premier mouvement nous fait entrer dans la puissance et la mélancolie qui perdure tout au long de cet Adagio-Allegro. La musique de Haydn emplit tout le temple de sa composition sereine et majestueuse.
L’Andante ajoute une ambiance chaleureuse et le Menuet une envie de danser dans un grand salon royal au milieu des nobles en habits 18e siècle ! Dans le Final : éclats de flûtes, reprise de la mélancolie et puissance du début.
Quelle belle harmonie dans tous les mouvements de cette symphonie dite « Londres » : la dernière des douze « londoniennes » composées par le maître ! Il a 63 ans lors de ce deuxième séjour à Londres en 1795.
Tonnerre d’applaudissements après ce superbe concert.
Christian Delafontaine remercie autant ses musiciens que le public, qui a bravé les éléments. Il souhaite venir régulièrement à Sainte-Croix avec cet orchestre, et propose de prolonger par des échanges autour de boissons et de douceurs.
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