Michel Roulet et Jean-Pierre Althaus cosignent la plaquette rétrospective d’un fringant quinquagénaire, le Marathon des Rasses. Un ouvrage dédié aux milliers de participants et aux innombrables bénévoles de cette course mythique sur le Balcon du Jura.
La MARA, de son vrai nom Marathon des Rasses, naît en 1971, dans le sillage des courses prestigieuses de ski de fond européennes comme la Vasaloppet (Suède), le Marathon de l’Engadine, la Dolomitenlauf (Autriche) et autre Marcialonga (Italie). La paternité en revient au comité de la Société de développement Bullet-Les Rasses, désireuse de faire rayonner le Balcon du Jura vaudois. Le comité présidé alors par Claude Gander fédère tous les acteurs du domaine du ski. Le 7 mars 1971, par un froid piquant (-20 degrés Celsius), 175 concurrents s’élancent sur des boucles de 10, 22 ou 42 km.
« Touristes » en quête de défi personnel ou coureurs licenciés, hommes, femmes ou juniors, chacun et chacune y trouve une épreuve à sa pointure. « Ce qui est extraordinaire », souligne Michel Roulet, coauteur avec Jean-Pierre Althaus d’un ouvrage sobrement intitulé « 50 ans de MARA », c’est le succès inespéré qu’elle a connu dès ses débuts : la course attire déjà 1’000 participants à la quatrième édition. Ils étaient 2’000 pour la dixième, et ce record est battu en 1984, avec 2’350 coureurs.
Les Suisses alémaniques comme les Français se passionnent pour la course décrite ainsi par le vainqueur 2003, Olivier Rives, de Morteau : « Une boucle unique de 42 km, au relief vallonné sans être inaccessible… Des paysages magnifiques, de grands espaces, des passages en forêt, des fermes isolées, le tout sous l’œil du Chasseron qui nous regarde, et même les fameux « toblerones »... Ainsi que des récompenses : par beau temps, la vue sur les Alpes peu avant l’arrivée ! Ensuite l’ambiance, celle d’une course sauvage, entièrement dans la nature, avec peu de spectateurs, et l’impression finalement d’être un peu aventurier en allant tourner Vers chez Amiet, au bout du monde, chez les Neuchâtelois ! » Le Vaudois Daniel Hediger, du SC Bex lui fait écho en termes semblables, saluant aussi « une organisation bien rodée et chaleureuse ».
Au début, les listes de départ sont dactylographiées par une équipe de bénévoles, puis retapées pour établir le classement. Long et fastidieux. En 1975, l’École technique de Sainte-Croix (ETSC) qui venait de présenter un mini-ordinateur à l’Exposition internationale des machines-outils à Paris, s’attelle à la création d’un programme pour la MARA, une révolution qui permet de sortir les premiers résultats deux heures après la course.
Un marathon de recherches
Cela fait près de deux ans que l’idée d’un livre sur la MARA trottait dans la tête de Michel Roulet, quatrième président du comité d’organisation, en poste depuis 2013. L’an dernier, il compile son carnet d’adresses et sonde diverses personnes susceptibles de lui prêter main-forte. Enseignant retraité comme Michel Roulet, Jean-Pierre Althaus lui répond en substance : « J’ai pitié de toi ! ». Fort de ce soutien déguisé, Michel Roulet se met en quête d’archives, de coupures de presse et de récits des protagonistes d’un demi-siècle de MARA. La tenue d’un stand « 50 ans de MARA » au Festival des terroirs sans frontière se révèle fructueuse. On lui apporte des documents, on lui livre de précieuses informations orales. Le président prépare un canevas du livre, collecte les infos et confie les textes bruts à Jean-Pierre Althaus. L’ancien professeur de français se met avec bonheur à l’écriture. Les séances de travail se succèdent et se doublent d’évocations des nombreuses courses et sorties que les deux compères ont vécues ensemble.
Le plaisir que le duo a pris à documenter toutes les facettes de la course et collationner des récits vibrants et des anecdotes souvent savoureuses transparaît à la lecture de l’ouvrage d’une petite centaine de pages. On y perçoit les dimensions à la fois sportive, amicale et festive de l’aventure. Et aussi la reconnaissance envers tous ceux qui ont œuvré avec engagement pour assurer la pérennité de la manifestation. Malgré les éditions annulées : 1985, 1989, 1990, 2007, 2008, malgré aussi les nerfs mis à rude épreuve jusqu’à la dernière minute en 2017 et cette année encore.
Pas après pas, l’ouvrage prend forme. En janvier, Fanny Cuendet réalise à l’Imprimerie de Sainte-Croix une mise en pages qui enthousiasme les deux compères. Ces derniers se félicitent aussi de la collaboration de Christophe Carisey pour le choix des photos, en noir-blanc et en couleurs, toutes légendées.
Tiré à 300 exemplaires, l’ouvrage coûte 25 francs. Il est mis en vente à l’Imprimerie de Sainte-Croix et à l’Office du tourisme, et sera notamment disponible lors de la 50e MARA.
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